Ci-gît Van Cleef
https://www.youtube.com/watch?v=d1WaOKlldIE J’ai vu dieu mon pote, moi, p’tit batard qui n’avait encore rien vu de ses propres yeux, qui venait tout juste de laisser échapper son premier souffle,...
le 22 mai 2015
22 j'aime
4
- Première leçon :
" Ne jamais supplier un homme. "
- Deuxième leçon :
" Ne fais confiance à personne. "
- Troisième leçon :
" Jamais se mettre entre le revolver et la cible. "
- Quatrième leçon :
" Donner un coup de poing c'est comme tirer, si tu rates le premier, tu es bel et bien foutu. "
- Cinquième leçon :
" Tu dois tirer pour tuer, sinon l'autre te tuera. "
Le Dernier Jour de la colère de Tonino Valerii, est un western italo-allemand que je considère comme un classique du genre européen. Sur un scénario adroit signé Sergio Leone, Luciano Vincenzoni et Tonino Valerii lui-même, on découvre un récit brillant et éclairé qui prend le temps de développer le cheminement dramatique des personnages. "Scott" (Giuliano Gemma) est la tête de Turc de la petite ville de Clifton située en Arizona. Vilipendé, rabaissé, moqué et repoussé par la populace, Scott vaut moins qu'un esclave. Sa rencontre avec le féroce "Talby" (Lee Van Cleef), un pistolero habile, fait l'effet d'un violent coup de tonnerre dans l'esprit du jeune homme qui voue alors une adoration excessive pour celui-ci au point de le suivre partout. Il voit en lui la chance de s'émanciper de cette vie calamiteuse. Talby finit par accepter de prendre Scott sous son aile et commence alors un voyage initiatique trépidant. Une construction scénaristique intelligente qui met en avant le relationnel entre deux hommes : « le maître et l'élève ». Une amitié empreinte de respect, de dureté et de sincérité avec un Talby qui n'a de cesse d'être franc avec Scott, en lui annonçant d'emblée de jeu la couleur : « Ne te fais pas d'illusions, c'est une sale vie. » Une remarque qu'il va réitérer plus tard en voyant Scott s'enfoncer davantage sur ses pas :
« - Il a peut-être raison. Je devrais te désarmer et te renvoyer à l'écurie.
- N'essayez même pas, Talby. Il est trop tard.
- Oui... Trop tard. »
L'intrigue entière repose sur l'évolution psychologique de Scott, qui de souffre-douleur crève-la-faim se retrouve à devenir une fine gâchette mortuaire oeuvrant pour son profit personnel ainsi que pour celui de Talby. Sous la direction de son mentor il apprend à ne plus se laisser diminuer et dédaigner par les citoyens de Clifton, au point de devenir précisément ce qu'il déteste : " une brute épaisse ". Un revirement dû à une rancoeur accumulée par des années de maltraitances, que ne va pas manquer de lui renvoyer à la figure Murph Allan le Sage (Walter Rilla), le seul homme ayant été bon pour lui. Éclate alors une dualité interne pour Scott, qui ne sait plus quelle position tenir dans tout cela. Un développement subtil qui établit une ligne conductrice judicieuse et pertinente sur la notion du bien et du mal. Une conduite âpre et difficile où l'on sait la confrontation entre le maître et l'élève devenir inévitable. Un maître ayant pourtant donné un nom à Scott, celui de Scott Mary, et l'ayant inculqué et sans filtre ni langue de bois à ce que serait sa vie en arpentant ce chemin. Comme il le dit si bien : " Qui se met à tuer, ne peux plus s'arrêter. " Pas de réel méchant, ni de réel gentil, le spectateur se fera lui-même son opinion. Une direction suffisamment rare et osée pour pleinement la mettre au centre de la réussite de cette histoire.
- Vous lui avez fait quoi ? On dirait un loup enragé.
- Il est né loup... Mais vous l'avez rendu enragé.
Le Dernier Jour de la colère c'est aussi un spectacle explosif où on se régale des nombreux rebondissements. Des fusillades impressionnantes en veux-tu en voilà savamment chorégraphier pour un superbe résultat. Des actions généreuses adressées aux amateurs de duel dans une grande ruelle poussiéreuse avec les regards perçants et les mains tremblantes constituant les archétypes du western. Le cinéaste parvient même à renouveler la proposition en mettant en scène un duel sacrément original se rapprochant d'une joute à cheval propulsé à toute vitesse avec des fusils à poudre noire entre Lee Van Cleef et Benito Stefanelli, un grand moment. Arrive la confrontation finale entre Talby et Scott. Une grande séquence merveilleusement mise en scène sur un suspense haletant alimenté par l’intensité dramatique. Un duel crève cœur pour le spectateur mais aussi pour les deux hommes, qui malgré tout éprouvent mutuellement l'un envers l'autre de l'estime et de la considération. Une réussite technique que l'on doit aux efforts conjugués de la réalisation de Tonino Valerii, de la photographie d'Enzo Serafin, du montage de Nino Baragli et Franco Fraticelli, jusqu'aux décors de Gianni Polidori et Rosa Cristina, appuyés par les costumes de Vera Marzot et Luciano Sagoni. Sans oublier la musique d'Ennio Morricone et surtout de Riz Ortolani qui nous offre une partition musicale à la hauteur du périple qui se joue.
Le long-métrage présente une série de personnages à la psychologie intelligemment développée. Lee Van Cleef en tant que Frank Talby est au top. Il incarne un pistolero aguerri capable du meilleur comme du pire. Un tireur redoutable doté d'une faculté d'analyse supérieure. Un cowboy flegmatique, intelligent et impitoyable qu'il vaut mieux avoir pour ami. Giuliano Gemma sous les traits de Scott Mary est excellent. Un jeune comédien charismatique qui à l'époque ne cesse de prendre davantage de place dans le genre. En tant que Scott, le comédien nous régale en opérant une sacrée évolution. À noter qu'il s'amuse du spectateur en nommant sa mule "Sartana". La dualité affective entre Lee Van Cleef et Giuliano Gemma fonctionne à la perfection. Les deux hommes nous régalent de dialogues consistants, chose habituellement rare de la part de Van Cleef qui n'aimait pas s'étendre dans des longs dialogues. Le reste de la distribution est appréciable à l'image des acteurs Al Mulloch et Benito Stefanelli qui possèdent des gueules très marquées aux regards hypnotiques, qui vont à la perfection des malfrats qu'ils incarnent. Rien à redire pour Walter Rilla, Lukas Ammann, Christa Linder, Andrea Bosic, Yvonne Sanson, José Calvo, Hans-Otto Alberty... Une belle troupe !
Le Dernier Jour de la colère réalisé oar Tonino Valerii est un grand western italien. Un film percutant d'une intelligence dramatique étonnante au service d'une action sacrément généreuse où les duels implacables se succèdent. Un périple porté par une paire de comédiens géniaux avec Lee Van Cleef et Giuliano Gemma. Un duo extraordinaire à l'image du spectacle qui s'opère sous les yeux des spectateurs enthousiastes.
Un duel au sommet !
- Sixième leçon :
" Le bon projectile au bon moment. "
- Septième leçon :
" Avant de libérer un homme, le désarmer. "
- Huitième leçon :
" Ne donne à personne plus de munitions qu'il ne faut. "
- Neuvième leçon :
" Qui n'accepte pas un défi, l'a déjà perdu, et de la pire des manières. "
- Dixième (et dernière) leçon :
" Qui se met à tuer, ne peux plus s'arrêter. "
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Créée
le 26 déc. 2022
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