Rendons justice à un des films les plus sévèrement étrillés par la critique et qui n'en mérite pas tant. Certes, on ne saurait parler de chef-d'oeuvre, et je reste mitigé, mais faut pas charger la mule non plus.
Préambule
Avant toute chose, je tiens à dire que je suis un fan de la série animée dont le film s'inspire, mais pas un fan de Shyamalan. Je ne le déteste pas non plus ; je le trouve inégalement inspiré.
Cela étant posé, demandons-nous comment nous aurions réagi face à ce film si nous n'avions pas vu l'animé ? J'ai essayé de me projeter, et je crois que j'aurais apprécié le film pour son originalité, ou pour son classicisme (je parle de contenu) bien maîtrisé.Il faut être honnête : je pense qu'on peut prendre autant de plaisir que devant une film de série B pas trop mal fait, avec les limites que comporte le genre. On a une histoire, avec une trame, un début, un milieu et une fin. Oui, ça n'a l'air de rien mais au vu de que proposent certains blockbusters contemporains, on se demande si on sait encore écrire une histoire simple et cohérente. Le rythme n'est pas fou mais on suit.
Capharnaüm
Et tout ce qui dérape ? Pour commencer, la transposition des mouvements -et les effets spéciaux qui les accompagnent- des benders en live ne fonctionne qu'à moitié. On sent bien que le réalisateur fait ce qu'il peut, mais malheureusement, ça reste insuffisant. Ce qui reflète bien le sentiment qu'on éprouve face à ce film : du travail à moitié accompli.Sans compter le disparition d'un épisode iconique : le combat de Katara contre Maître Pakku, lequel devient d'ailleurs un type sympathique et accommodant, aux antipodes du personnage originel. Manque de sel, manque de poivre...
Le choix d'avoir pris des Indiens, donc des acteurs à la peau mate pour les citoyens de la nation du feu et des blancs pour les peuples de l'eau va à l'encontre de l'animé, qui fait le choix inverse, et m'a un peu surpris. Pour rappel, dans l'animé, l'équivalence qui vient à l'esprit : peule de l'air/Tibétains, peuple de l'eau/Inuits, peuple de la terre/Chinois, peuple du feu/Japonais. En gros.
Wikipédia m'a appris qu' à l'origine, Shyamalan voulait prendre uniquement des acteurs blancs (parce qu'il s'en foutait , à mon avis), et là, les pleurnicheries habituelles ont commencé. Et on était en 2010. A une époque, on crispe les mâchoires quand un noir, un juif ou homo incarne un personnage principal, à une autre époque il faut qu'un film ressemble à un manuel d'éducation civique. Fatigue du monde.
Le casting marche sur trois cylindres : les trois gamins sont bien, notamment Aang et Katara. En revanche, Zuko est raté. L'acteur ne cadre pas -il zozote un peu, non? -et joue comme un pied. D'une manière générale, les acteurs incarnant la nation du feu sont mal choisis et jouent de façon approximative. Regardez un peu le jeu du type qui incarne Ozaï, le roi de la nation du feu.
Iroh est raté. L'acteur lui-même n'est pas mauvais, mais la transposition du personnage ne fonctionne pas. Il fallait garder le côté rondouillard du maître du feu, justement parce qu'on ne s'attend pas à une telle puissance quand il se bat. Ou comment saboter un mécanisme de base de la caractérisation des personnages.
Autre point : j'en vois critiquer le fait que Iroh puisse générer son propre feu. Mais si je me rappelle bien l'animé, Iroh a rencontré un dragon et ne l'a pas tué. On imagine donc qu'il aurait pu recevoir ce don. À cette occasion. Shyamalan l'aurait expliqué s'il y avait eu d'autres films. Simple hypothèse de ma part. Trahison de la lettre, respect de l'esprit.
I want some more
Ce qui manque vraiment, c'est le je sais quoi, la petite étincelle qui fait que. Dommage, car il y avait matière à déployer la saga en live. Une grande partie du sel, de la poésie, de la rêverie enfantine s'est évaporée. Pourtant dans l'ensemble, la transposition de l'intrigue et même du visuel est là. Et le fan que je suis s'émeut d'en retrouver quelque chose. Mais « quelque chose », ce n'est pas assez, c'est trop peu. On attendra la série Netflix pour peut-être se réconforter.