Depuis quelques oeuvres M. Night Shyamalan a perdu de sa superbe, artistiquement parlant. L'époque où les critiques professionnels et le public, étaient tous unanimes à son sujet, est désormais révolue. Le dernier maître de l'air n'échappe donc pas à la règle, et reçoit un traitement pire que ce que le cinéaste a connu par le passé. Autant pour ses films précédents ça peut être compréhensible, autant pour celui là, le lynchage me parait injustifié et complètement disproportionné.
Parce que c'est justement, dans cette grosse production: une adaptation d'un dessin animé américain culte, que le réalisateur reprend du poil de la bête. Alors effectivement, on ne retrouve pas l'excellence de ses débuts. Mais chose étonnante c'est dans une commande, qui à priori laisse peu de place à des partis pris personnels, que Shyamalan semble s'épanouir.
C'est simple, sur le plan de la mise en scène, le cinéaste se fait plaisir et recouvre en partie sa virtuosité d'antan. Il ne se repose pas sur ses lauriers, dans le sens où il évite les facilités: visuellement on n'est pas vraiment dans la norme Hollywoodienne actuelle.
Il y a pas mal de plans séquences, le montage évite de laisser place à une succession de plans surdécoupés (la vieille ruse afin d'octroyer un semblant de rythme). Au contraire même, la caméra fait durer un maximum de temps un plan avant de passer à un autre. Que ce soit pour les scènes calmes qui font avancer le récit ou bien lors des instants de bravoures.
En ce qui concerne les scènes d'actions, c'est parfois un peu mou du genou et c'est souvent efficace. Pour le côté indolent, je pense surtout, à la scène de rébellion des villageois maitrisant l'élément de la terre. C'est pardonnable puisque c'est toujours assez complexe de fomenter un plan séquence avec tellement d'éléments et de situations à gérer. En l'occurrence, sur cet exemple précis c'est plus l'aspect technique que la scène en question, qui m'a plu.
En revanche, le final où Aang crée par lui même la vague géante, est réellement impressionnant. Ca représente, le meilleur moment du long métrage, selon moi. Il y a une vraie ampleur au sein de cette scène: les images, les effets spéciaux nickels d'ILM, avec en outre la musique de James Newton Howard, c'était magnifique. Autant dans le dessin animé j'avais trouvé ce passage bâclé et décevant, autant dans l'adaptation cinématographique c'est très réussi.
Bref, tout ça pour dire que visuellement ça tient la route, je dirais même que ça a de la gueule.
Ceci étant dit, passons au principal souci du film, c'est-à-dire, son scénario. Dans les grandes lignes, c'est respectueux voire fidèle à l'égard du dessin animé. Néanmoins, on a trop l'impression que pas mal de scènes ont été coupées (visiblement 30 minutes ont sautées du montage). En conséquence, l'histoire semble trop elliptique, toutes les séquences qui pourraient apporter plus de consistance, plus de cohérence aux personnages ont été expurgées. C'est fâcheux, car on suit les pérégrinations de ces gamins avec un soupçon d'ennui: sans véritable passion, ni attachement. On peut ajouter à cela, le manque flagrant d'humour et de légèreté (l'un des atouts du matériau d'origine), en définitive ça se prend trop au sérieux.
Pour conclure, je dirai que Le dernier maître de l'air est un blockbuster qui n'est pas exempts de défauts certes, mais ça reste tout à fait honorable. J'aurai même souhaité que la même équipe rempile pour faire cette fameuse trilogie. Et puis j'espère surtout qu'ils sortiront un jour une director's cut afin de corriger le tir !