C'est moins bon sans aucun doute, comme si le niveau descendait naturellement avec l'époque, mais cette énergie de gamin quarantenaire qui transpire du duo de gusses à l'écran reste sympa. Martin Freeman et Eddie Marsan y participent avec un plaisir communicatif bien visible. Cette course à la mort éthylique certes plus convenue comparée aux deux autres moutures de la trilogie, très axée sur le culte bas de plafond de la bière, est tout de même assez joyeuse et bienvenue pour compenser le niveau de daubes de cet été.
On est en dessous de Shaun of the dead et de Hot Fuzz mais peut-être simplement parce qu'une invasion d'extraterrestres est moins évidente à rendre crédible dans une comédie (cf Tim Burton qui pressentait qu'il fallait mieux faire n'importe quoi de bout en bout et à fond) qu'une invasion de zombies effrayants amenant des questionnements particuliers sur la nature humaine ou qu'un sectarisme villageois amenant de la tension à la Wicker Man (la mouture 70's évidemment...). Ici, les extraterrestres ne font pas peur, sont peu intéressants et leur dessein est vite pondu, c'est à mon avis le principal défaut du film. Mais mine de rien, ils ont encore essayé de trouver une approche originale qui ne repompe pas les références scénaristiques SF brutalement mais cherche sa propre mixture. Par contre, les petits hommages disséminés ne sont pas toujours des plus fins, par exemple, le gardien du "Jour où la terre s'arrêta" (ou "Thor" pour les plus jeunes) ne sert à rien.
Simon Pegg est bête et Nick Frost intelligent pour changer aussi. C'est une idée plutôt appréciable. On s'attendrit sur le sérieux de Nick et on jubile d'autant plus lorsqu'il se met à péter un câble, et on compatit avec le personnage de Gary King qui se croit si cool et libre. Bon, malheureusement, Gary King n'est pas le premier loser dans son genre et la partie finale assez foireuse remet l'héroïsme du gusse sur le devant et dispense un message lacunaire avec un surcroît d'action bordélique peu utile.
Mais je dois dire que les bastons sont étonnamment sympas aussi, même comparées à des spécialistes chevronnés. Edgar Wright pousse la dynamique mise en place dans Scott Pilgrim et nous pond de l'affrontement nerveux avec des mouvements de caméras inventifs et assez fluides. Un peu trop numérisée pour pinailler, cette action prend malheureusement le dessus sur le fond moins travaillé que dans Shaun of the dead ou Hot Fuzz, comme une porte de secours facile, mais on dirait presque du bon Yuen Woo Ping par moment...
Bref, c'est le moins bon de la trilogie mais ce serait dommage de s'en priver. Objectivement 6 mais pour un film qui ne se fout pas de ma gueule, je mets 7.
Vu en VO ce qui y fait aussi surement beaucoup pour la qualité des jeux de mots typiques.