Adaptation libre des évènements de la rébellion de Satsuma en 1877, Edward Zwick, réalisateur de Légendes d’Automne, nous emmène pour un voyage au Japon du 19ème siècle à la découverte du monde des Samouraïs. Méditation, honneur, bravoure, romance, respect, loyauté, devoir, compassion, batailles, Le Dernier Samouraï chamboulera les plus sensibles, tout en perçant la carapace des plus détachés. Et si ce film changeait votre façon de vivre ?
Une célébration de la culture Japonaise et des Samouraïs
Le Dernier Samouraï décrit le Japon du 19ème Siècle, époque où l’île s’ouvrant à l’Ouest, perdit toute sa splendeur d’antan, brisant ses traditions ancestrale, ses racines, causant en parallèle un conflit qui fut titanesque. Assauts du monde moderne contre l’ancien, les Samouraïs, guerriers d’élite du Japon, étaient au cœur même de ce conflit, eux qui avait refusé de ce plier aux nouvelles lois et coutumes, jugés par leurs propres frères de sang comme des ennemis rebelles.
Alors voila, coté historique, ça restera du made in Hollywood avec ces petits remaniements américains (le héros était au départ Français et non Américain) .Ca reste un film, pas un documentaire. Ce qui est sa véritable force, cette volonté de vouloir transmettre l’essentiel de ce que représentent la culture, la spiritualité et la philosophie Japonaise. Malgré cette histoire peu glorieuse, les Japonais, des années plus tard, aujourd’hui encore, ont finis par redécouvrir à nouveau leur héritage.
Ce film m’a inspiré. Non pas de vouloir devenir un Samouraï, plutôt d’avoir les mêmes valeurs que ces personnes, tout en développant une réelle passion pour la culture japonaise. Pour une fois qu’un film de guerre est vraiment prenant, pour une fois qu’un film de guerre ne déverse pas de patriotisme à l’américaine, ne met pas les gentils petits américains en avant, et ne se résume pas qu’à ces scènes de batailles, il serait dommage de se priver de le voir.
Au début de notre film Nathan Algren est un ex-capitaine de cavalerie. Comment va-t-il devenir samouraï ? Dès son apparition, désabusé, se sentant coupable de son passé, le personnage n’est plus que l’ombre de lui-même, ayant sombré dans l’alcool. Hanté comme tout soldat, il souffre comme tout soldat ayant vécut, fait et vu des atrocités sans pouvoir y échapper. Un être torturé, brisé, mais ne le montrant pas. Engagé par les Japonais qui, à cette époque parlaient aux Français, aux Allemands, aux Américains et aux Anglais, et qui étudiaient les systèmes politiques, éducatifs pour unifier leur pays, voila Nathan mener une guerre qui n’est pas la sienne et dont il n’a qu’une version de l’histoire.
Instructeur pour former l’armée impériale à la guerre moderne (fusil, canons et une nouvelle arme proche de la bonne grosse mitrailleuse), on le sent s’intéresser à ses hommes même s’il a du mal à dialoguer avec eux à cause de la barrière de langage. Il doit leur apprendre à rester en vie, à être efficaces. Les débuts seront difficiles, se soldant sur un échec lors d’un assaut. Blessé grièvement et capturé par un groupe de Samouraïs, Nathan va voir son destin radicalement changer. Sa façon de voir les choses, sa façon de vivre, tout sera remis en question lors de son séjour en captivité chez l’ennemi. Le voila au final partagé entre ses racines occidentales et sa nouvelle famille. Quel camp choisira-t-il lorsqu’il découvrira la vérité?
Ils viennent détruire, ce que j’ai appris à aimer.
Quand l’orient se plie à l’occident
Véritable clash entre philosophies occidentale et orientale, Le Dernier Samouraï rappelle à tous ce que devraient êtres les vraies valeurs humaines et ce qu’étaient les valeurs des Japonais avant qu’ils décident de se comporter comme des occidentaux, laissant tomber leur vraie nature. Il s’agit avant tout d’assumer la responsabilité de ces actes et des ces paroles. Savoir aider son prochain, être compatissant, respecter tout le monde même son ennemi. Des thèmes qui devraient êtres universel.
Dans notre film, nous est montré un genre particulier de guerriers qui étaient respectés, craints et malheureusement, voués à l’extinction. Tragique lorsque l’on apprend qui ils étaient vraiment. Nos héros à la fois artistes, philosophes et guerriers, sont prêts à mourir pour l’empereur du Japon vu non pas comme un homme mais comme un dieu. Partant de là, être prêt à mourir à chaque instant, c’est être aussi prêt à vivre. Leur sabre courbé et meurtrier, l’âme même du Samouraï pouvant ôter et s’ôter sa vie, le crane rasé (ou cheveux longs parfois), le code d’honneur (appelé Bushido), l’éventuel équivalent avec le monde occidental serait la chevalerie. L’idée même que si on fait les choses avec courage, honneur et vaillance, on est supérieur, on est un chevalier. Et là, on est un samouraï. Plus de cinq siècles de domination dans le pays, les Samouraïs étaient indispensables aux seigneurs et craints par le peuple.
Les Samouraïs étaient purement et simplement l’élite du gouvernement. Des hommes très intimidants. Malheureusement, à cause entre autre du marcher des armes, même ses guerriers ne purent gagner. Un mode de vie allait disparaitre au profil d’un autre et les samouraïs allaient être pris entre les deux. Dorénavant ouvert au monde occidental, le gouvernement allait se passer de ses guerriers traditionnels. Le Dernier Samouraï mettra en avant leur dernier conflit, leur extinction, la manière dont tout ceci c’est déroulé, le tout en nous faisant découvrir, par les yeux de Nathan Algren, leur monde, leur culture, leur façon de se comporter vis-à-vis des leurs et des autres. Qui sont les vrais sauvages ? Qui est le véritable ennemi ?
C'est un curieux peuple. Dès le réveil, ils se consacrent à la
perfection de ce qu'ils réalisent. Je n'ai jamais vu une telle
discipline. Je suis surpris d'apprendre que "samouraï" signifie
"servir".
La voie du Samouraï
Après Russel Crowe dans Gladiator, puis Leonardo DiCaprio dans Gangs of New york, au tour de Tom Cruise de s'imposer en tant qu'héros légendaire de guerre. Pas franchement sympathique, froid dans les premières minutes, son personnage complexe n'aura de cesse de nous étonner, évoluant considérablement, se remettant en question jusqu'à devenir l'homme qu'il devait vraiment être. Déshonoré, ayant perdu son âme, de par son séjour dans le village de Katsumoto, Nathan apprendra la voie du Samouraï. Parviendra-t-il à se racheter ? Va-t-il redevenir un être humain ?
Attachant, parfois drôle, fragile tout en étant fort, empathique, Tom Cruise livre une prestation fantastique, authentique, exécutant comme à son habitude lui même toutes ses cascades (sauf exceptionnellement, certaines à cheval, doublées ou retravaillées numériquement) et combats à mains ou au sabre.
Ses interactions avec le sage et curieux Ken Watanabe (Katsumoto), la pure Koyuki Kato (Taka, la sœur de Katsumoto), le grognon et dur Kiroyuki Sana (pas mal de tensions/conflits entre les deux), le souriant et serviable Shin Koyamada (Nobutada, le fils de Katsumoto), les adorables Sosuke Ikematsu et Aoi Minato (Magojiro et Higen, fils de Taka), ou « Bob » le Samouraï muet, valent tout l’or du monde. Quels échanges ! Leurs prestations font qu’ils gagnent tous une place chère dans notre cœur. Leur chute ne sera que plus douloureuse pour nous. Mais ce ne sont pas les seuls éléments faisant du Dernier Samouraï un chef d’œuvre du genre délivrant un message d’espoir.
*> Je n'ai jamais été pratiquant. Et ce que j'ai vu sur les champs de
bataille m'a conduit à m'interroger sur les buts de dieu. Mais il y a
quelque chose de spirituel dans ce lieu. Bien que ça reste à jamais
obscur pour moi, je ne peux qu'être conscient de ce pouvoir. Je sais
que c'est ici que j'ai connu mon premier sommeil paisible depuis des
années.*
Immersion dans le Japon du 19ème siècle
Le travail sur la mise en scène, la mise en valeur du Japon grâce à une photographie d’une beauté majestueuse, la puissance de la narration, ses batailles jouant sur nos émotions, les préjugés, les clichés et les discriminations dont ont été victimes les samouraïs, notre œuvre réussit à être épique, sensible, tout en étant véritablement immersive. En effet, grâce à ses moments de monologues comptés par Nathan Algren écrivant dans son journal, nous partageons son expérience, ses découvertes. Que dire de la bande originale ?
L’élément numéro qui, l’espace de 27minutes précisément, fit parcourir des frissons dans tout mon corps tant la puissance des titres était si forte : la musique. Ayant toujours été réceptif aux musiques et aux dialogues, je n’ai pas été déçu, j’ai été conquis au point de me procurer la bande originale juste après la vision du film en 2003. Hans Zimmer, il n’y a plus de doutes à faire, c’est l’un des meilleurs compositeurs de tous les temps. Toujours inspiré, on peut largement l’installer aux cotés des John Williams, Alan Silvestri, Danny Elfman, Howard Shore et James Newton Howard.
Avec sa musique, Zimmer nous plonge totalement dans le Japon du 19ème siècle. Toutes les émotions ressortent de ces morceaux, le tout souligné encore plus par ses décors. De la bravoure, de la tragédie, du romantisme, de la douceur, de l’effroi, de l’injustice, de la poésie, de la compassion, voir un moment de paix. Quant aux musiques ajoutées lors des moments de batailles, vous en allez en prendre plein le cœur. Comment rester insensible devant tant de beauté auditive ?
Ce film force l’admiration, d’autant plus lors de cette spectaculaire séquence de bataille en 2 rounds, d’une durée de 20minutes. Nombreux sont les films m’ayant émeut, peu ont réussis à me chambouler autant que celui-ci. Voila pourquoi Le Dernier Samouraï a lui aussi gagné mon cœur.
Dites mois juste une chose : Qui y a-t-il dans votre pays que vous
haïssiez tellement ?
Au final, mise en scène, dialogues, musiques, costumes (armures de samouraïs, kimonos, vêtements occidentaux), reconstitution, jeu des acteurs, photographie, combats (sabre, à mains nues à base de karaté, jiu-jitsu) et batailles impressionnants, final dantesque, aucunes longueurs, Le Dernier Samouraï coupe le souffle, prend à la gorge, perce le cœur jusqu’à venir caresser votre âme, vous changeant à jamais. Un chef d’œuvre à n’en point douter.