Le symbole de l'insolence américaine
Tout d'abord c'est le manque de finesse du scénario qui saute aux yeux. Si l'acculturation fulgurante de Tom Cruise (grandement aidée par la puissance fédératrice du saké) laisse dubitatif, la rapidité avec laquelle il devient expert au katana - façon Luke Skywalker dans la soute du Faucon Millenium - fais carrément rigoler!
Mais au delà cette grosseur narrative, c'est la manière dont sont présentés le Japon et les Japonais qui outre le plus l'oeil du spectateur. Certes, ce film est basé sur la confrontation passé/présent (ou présent/futur par moments), mais la façon dont est dépeint le village des samouraïs est vraiment insultante et caricaturale : Une bande de rustres, de béotiens arriérés et simplistes... (bien qu'au fond ce ne soit pas des mauvais bougres, les braves gens!) D'ailleurs le film donne l'impression qu'il faudrait leur donner une réserve, un sanctuaire, à la mode Apaches ou Guaranis, pour que tous profitent de leur joyeux mode de vie folklorique tellement cocasse et repartent avec un beau T-shirt! Le thème est sans doute très noble à traiter, mais fallait-il grossir à ce point le trait et tomber dans le traditionnel manichéisme généralisé d'Hollywood? Hollywood, qui exporte sont héros, le "tigre blanc", fédérer ces cons de Jap' incapables de s'organiser tout seuls, pour les emmener vers l'ultime bataille. Parlons-en! Une débauche de lyrisme, des ficelles grosses comme des cordes de marine, le tout inondé d'un pathétisme outrancier. Tout est réuni pour faire frémir la ménagère : une charge de cavalerie surréaliste, Tom Cruise qui balance son sabre sur le capitaine adverse (excusez du peu!) Endo Watanabé criblé de dizaines de balles, qui choie de son cheval, les bras en croix, devant un cerisier, terrassé par les Galtings, symbole du progrès, qui tirent - au ralenti sur une musique bouleversante - sur les braves cavaliers en armure, histoire de bien voir que le film est basée sur la vaine opposition entre tradition et progrès... (comment ça? Vous ne chialez pas?!) Pourtant, que la scène aurait pu être belle, parée d'un soupçon (même ténu) de finesse. Et que dire de Tom Cruise, qui sort de sa réserve avec ses copains les Sioux, pour rejouer la Little Big Horn à l'envers, endossant le rôle d'un Custer passé chez les indiens, qui cette fois représente les forces du passé, expiant les fautes de tout un peuple. Et à la fin, c'est "Maverick" qui devient le dernier des samouraïs(!) Ou comment porter à son paroxysme l'insulte que constitue ce film envers le Japon et sa civilisation.
Voilà encore un film où triomphe la vision exigüe des Américains, qui une fois de plus, se pointent avec leurs gros souliers crottés dans une civilisation qui n'est pas la leur, en y dégueulassant le tapis du salon.
Quel dommage.