Sorti tout droit des studios Hollywoodiens, le Dernier Samouraï se veut être un film d'action et historique retraçant une période méconnue du Japon: l'ère Meiji.
Pour rappel, c'est en cette seconde moitié du XIX siècle que le Japon, après une guerre civile opposant le Shogunat des Tokugawa vieux de 250 ans à la faction impériale menée par les daimyos rebelles, voit s'imposer à la tête du pays le jeune empereur Mutsuhito, futur empereur Meiji, par ses derniers ; désireux de retrouver leur splendeur d'antan et de voir leur position améliorée avec le nouveau pouvoir.
Cependant, le pays reste à cette période sous l'influence d'états occidentaux ; il est donc nécessaire pour le pouvoir japonais de se moderniser, ce qui donnera lieu à l'expansion de l'industrie ou encore du chemin de fer sur l'archipel; mais aussi de se réformer, amenant à l'abolition des privilèges pour les samouraïs ainsi que la disparition définitive du système féodal.
C'est ainsi que nous obtenons les ingrédients nécessaires à ce film. D'ailleurs, parlons plus précisément de ce dernier.
Tout commence avec Nathan Algren, interprété par Tom Cruise. Alors qu'il vit une vie miséreuse d'alcoolique culpabilisant des atrocités perpétrées durant des guerres contre les indiens, il se voit confier l'opportunité de partir au Japon pour former la nouvelle armée impériale en tant que conseiller militaire, ainsi que pour aider celle-ci à mater une rébellion menée par un certain samouraï nommé Katsumoto.
Je n'en dirai pas plus de peur de vous faire savoir la suite mais ce que je peux vous dire en revanche c'est que ce Katsumoto est l'archétype même du samouraï traditionnel. Fidèle au Bushido, comprenez le comme "la voie du guerrier", c'est un code morale régissant la vie et le comportement que doivent avoir ses chevaliers nippons.
Il y a de la part du réalisateur une volonté de créer une empathie pour ses samouraïs, une nostalgie des valeurs de loyauté ainsi que de la beauté esthétique du geste concernant le maniement des armes mais aussi de la plume. Bref nous avons là une idéalisation de ce mode de vie passé.
Et c'est pourquoi certaines personnes après avoir vu ce film déclarent: "C'est un scénario très américanisé" ; "L'histoire du Japon est déformée". A ses personnes je réponds oui certes. Si l'on s'attend à un film historique se voulant réaliste dans les rapports entre les deux partis belligérants alors oui on a de quoi être déçu.
Car en effet, hormis la ressemblance entre Katsumoto et le samouraï Saigo Takamori durant la rébellion de Satsuma en 1877 ainsi que par le contraste entre les villes portuaires modernisées et les villages reculés qui semblent être des espaces protégés de toutes influences ; il y a beaucoup à redire sur le sujet.
Bataille de Shiroyama opposant les rebelles samouraïs conduis par Saigo Takamori à l'armée impériale
L'exemple d'incohérence qui m'a le plus frappé est le fait que l'Empereur soit confus, indécis quant aux décisions à prendre concernant cette rébellion, qu'il serait mal influencé par ses conseillers arrivistes, trop jeune pour gouverner correctement... C'est une faute historique quand on voit les réformes mises en place très tôt par le souverain !
Cependant, mon avis est qu'il ne faut pas traiter ce film comme un film historique banal. Le réalisateur donne en effet sa vision romantique de ce Japon féodal que l'on entrevoie dans les valeurs de loyauté à la parole donnée ainsi que par toutes les qualités de Katsumoto que j'ai pu cité. Cette vision s'oppose à celle des nouveaux bureaucrates, militaires et financiers japonais qui, dans ce film, ne se soucient que de leurs profits à venir.
Finalement, ce sujet opposant tradition et modernité peut rejoindre d'autres films tels que Or Noir de Jean Jacques Annaux. On a le droit à de belles scènes épiques, notamment la dernière bataille, mais aussi à une réflexion entre ce qui est le plus important pour une société. Conserver un mode de vie ancestrale ? Accepter certains changements pour le progrès ? Essayer de lier les deux ? C'est ce genre de réflexions qui fait que, même après la fin de la séance, on n'en a pas encore terminé avec ce film.