Toute première adaptation du roman de James Cain "Le facteur sonne toujours deux fois", cette version de Pierre Chenal a contre elle, comme les autres d'ailleurs, une intrigue qui ne présente plus de surprises puisqu'on a pu la voir un peu sous tous les angles (Garnett, Visconti, Rafelson) . A quoi s'ajoute que le film de Chenal supporte assez mal la comparaison avec la version de Tay Garnett, à mon sens la plus réussie.
En humanisant les personnages, (la culpabilité de Franck, l'amour sincère de Cora, la bonhomie de Nick) mais sans parvenir à en faire des figures originales et émouvantes, Chenal tire le sujet vers le drame criminel anecdotique. Il n'atteint pas le caractère vénéneux et perfide qui fait l'intérêt du film de Garnett dans lequel la cupidité et la méfiance entre les deux amants prend des proportions tragiques. Dans le même ordre d'idées, la mise en scène de Chenal exprime mal cette notion de destin implacable que sous-tend le roman et qui fait de Franck et Cora des amants maudits. Cette version francisée et somme toute impersonnelle nous renvoie régulièrement à l'oeuvre de Garnett et à la blancheur éclatante de la silhouette de Lana Turner