C'est l'un des 4 ou 5 grands westerns de John Sturges qui brille par la qualité de l'interprétation et l'habileté avec laquelle il décrit cette petite ville de Gun Hill en proie à la violence et suspendue à l'attente de voir se dérouler les événements. Une ville tout entière qui marque son hostilité au sheriff Matt Morgan, incarnation de la loi, venu chercher l'assassin de sa femme, et qui attend le train lui permettant de quitter ce lieu délétère. Kirk Douglas avec une rage contenue ne pouvait qu'endosser à merveille ce rôle face à Anthony Quinn, un vieil ami qui lui a sauvé la vie, aujourd'hui riche fermier dont le fils a fauté, ce qui donne un dilemme cornélien.
On a souvent comparé ce film à 3h10 pour Yuma de Delmer Daves, pour l'attente fébrile du train et la tension latente, mais c'est totalement différent ; ici il s'agit d'une vengeance et d'un suspense dramatique gradué qui transforme une vieille amitié entre le sheriff déterminé et le fermier tout puissant, en haine féroce jusqu'à l'affrontement implacable. Sturges sait parfaitement doser l'action en intercalant des scènes psychologiques dans lesquelles il dessine fort bien les caractères de ses personnages, le tout scandé par les notes inquiétantes de Dimitri Tiomkin qui rappellent un peu celles de Règlement de comptes à OK Corral réalisé par Sturges l'année précédente avec la même équipe technique. D'ailleurs, plus que l'action, on sent que ce qui a intéressé le réalisateur, c'est essentiellement l'aspect psychologique, car il joue constamment sur le ton sournois de l'opposition entre les 2 stars, tirant parti de l'ambivalence de ces 2 caractères. Le dénouement ne peut être que tragique.