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Le Dernier Vermouth
6.5
Le Dernier Vermouth

Court-métrage de Germain Aguesse (2020)

"On va pas se faire bouffer la gueule par des morts-vivants, et se faire piquer la Savoie en plus !"

Le raz-de-marée Kaamelott a bouleversé un monde, nul ne songera à le nier. Il a notamment eu le mérite de soulever une vague immense de fans en tous genres, ceux-là même qui embêtent leur entourage en citant à qui mieux mieux des citations tirées de leur contexte, dont l'effet généralement le plus constaté est de crisper les nerfs des quelques satellites néophytes qui gravitent autour d'eux et de les renforcer dans leur idée que, décidément, ce Kaamelott qu'ils n'ont pas vu, ça doit bien être de la merde.
De manière moins tapageuse, Kaamelott a surtout introduit dans le paysage télévisuel (et bientôt cinématographique) français un style nouveau autant que novateur, et pourtant très traditionnel, qui n'hésitait pas à revendiquer l'héritage d'un riche passé comique et cinématographique. Evidemment, qui dit "nouveau style" dit "repreneurs" et ces derniers ont été nombreux, mais pas toujours aussi talentueux que nombreux.
Tout cela pour dire que Le Dernier Vermouth, court-métrage un peu sorti de nulle part, bénéficie totalement de cet héritage qu'il n'a pas peur de revendiquer.


Même si on en est bien loin, cet héritage se manifeste bien évidemment avant tout dans le choix des acteurs : les inconditionnels de la série d'Astier retrouveront avec un plaisir non déguisé l'incontournable duo Serge Papagalli/Gilles Graveleau (Guéthenoc/Roparzh dans Kaamelott).
Pourtant, fort heureusement, Germain et Robin Aguesse (réalisateur et scénariste du film) ont l'intelligence de pousser beaucoup plus loin le concept du pastiche. Si les prestations rurales et avinées des deux compères (auxquels il faut adjoindre le très drôle Daniel Gros) évoqueront directement la série comico-médiévale, le pastiche s'adresse plus largement à un héritage bien plus vaste : la mise en scène de la beuverie bon enfant et de ces paysans issus de la France profonde ne peuvent qu'évoquer le cinéma d'Audiard, tandis que le curé équipé de sa mitraillette (hilarant Gilles Arbona) semble tout droit sorti d'une de ces bonnes vieilles comédies sur la guerre de 40. De Bourvil et Funès (une allusion directe au Corniaud) aux meilleures heures de Francis Veber (pour le côté buddy movie), c'est à la fine fleur de la comédie française que Le Dernier Vermouth a l'ambition de rendre hommage.
D'ailleurs, l'hommage va plus loin puisque dans les références ouvertement citées par les créateurs de ce court-métrage, on retrouve le cinéma de Romero ou encore l'incontournable Shaun of the Dead d'Edgar Wright. Bref, c'est peu dire les cinéphiles en auront pour leur argent (et cela leur fera d'autant plus qu'ils ne l'auront pas dépensé).


Mais la réussite des frères Aguesse, c'est aussi d'avoir réussi à trouver le ton juste. Se mesurant à tout un lot de chefs-d'oeuvres, jamais Le Dernier Vermouth ne se prend trop au sérieux et ne vise plus haut qu'il ne peut atteindre. C'est léger, c'est bon enfant, ça ne cherche pas la surprise ou le rire à tout prix. Simplement, ça a l'ambition de nous faire passer un bon moment en nous replongeant dans une ambiance que le cinéma cherche de moins en moins à capter, et ça fait du bien.
Et cela d'autant plus que, malgré un budget relativement limité (quoique 16 000 € constitue sans doute une somme assez confortable pour une production de ce genre, le but visé étant initialement de 11 000 €), les frères Aguesse démontrent que techniquement, ils n'ont pas grand-chose à craindre. Ainsi, ils ne cherchent pas à prouver leur savoir-faire, mais révèlent une science du cadrage et de la photographie d'une belle solidité, même si elle n'est pas forcément sans failles.


Non, finalement, le seul véritable reproche qu'on pourra faire au Dernier Vermouth sera peut-être de ne jamais chercher à s'aventurer en-dehors du sentier balisé qu'il a décidé de suivre. Si l'humour et la malice sont de chaque instant, l'originalité est proprement absente de ce court-métrage. On est dans le pastiche donc ce n'est pas forcément si grave, mais un léger surplus en surprise aurait rendu l'ensemble encore plus appréciable. On sait toutefois gré au scénariste de n'avoir pas cherché l'épate à tout prix.


Ainsi, Le Dernier Vermouth a le mérite de nous montrer qu'il existe des nostalgiques de cet humour à l'ancienne, de ce subtil mélange d'alcool, de virilité et de réparties bien senties qui fut la marque de tout un pan de notre cinéma national et qui retrouve un tout petit peu (n'exagérons pas non plus) sa superbe lors de ces savoureuses vingt minutes, dont le moindre des mérites n'est pas de nous éblouir par la beauté des paysages savoyards.


Pour les éventuels intéressés, le film se trouve ici :
https://www.youtube.com/watch?v=EyMC7rcqexU

Tonto
7
Écrit par

Créée

le 8 nov. 2020

Critique lue 428 fois

6 j'aime

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Tonto

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