El(ma) et lui

Après Mandibules mercredi dernier, voilà que je vais voir un 2e film français au ciné en 1 semaine : de mémoire de moi, ça n'était jamais arrivé ! Il aura fallu une pandémie mondiale et un arrêt des cinéma pendant 200 jours pour que cela arrive... :o

J'ai découvert le film sur twitter au détour d'une affiche likée par le stagiaire des affiches, très jolie, puis une BA qui donnait envie, puis des posters alternatifs stylés. Bref, j'ai été hypé et... c'est mérité !

Romain Quirot n'a pas peur des défis et pour son 1er long (et pour 3.5M€, le budget de Babysitting o_0), nous livre un road movie dans un monde futuriste post-apo, rien que ça.

Le film est très, très généreux et référencé (dans le bon sens du terme) : on n'est pas dans la simple citation ou le gimmick, il condense pleins d'influences pour en faire un patchwork homogène et harmonieux. On pense à Blade Runner, au 5e élément, à Mad Max Fury Road, à Sunshine, au Solaris de Soderbergh, aux films de Neil Blomkamp, etc. Perso, j'ai également beaucoup pensé à la période Caro et Jeunet (Delicatessen / La cité des enfants perdues).

Avec toutes ses influences, on pourrait penser que le film "sonnerait" américain mais ça n'est pas le cas, grâce à un gros travail sur la musique notamment, qui lui confère une patte, avec par ex. des choix (couillus) de chansons tout au long du film

Le score d'Etienne Forget lui aussi est un savant mélange d'orchestration classique de SF et de sonorités inhabituelles (une musique comporte du steel-drum, il me semble et j'ai oublié l'instrument atypique d'une autre).

Les acteurs aussi sont bons : le charismatique Hugo Becker et l'attachante Lya Oussadit-Lessert (qui m'a beaucoup fait penser à Alicia Vikander) forment un duo qui fonctionne très bien. Jean Reno n'a pas énormément de scènes mais ne cachetonne pas pour autant, et Philippe Katerine fait un très bon animateur radio. A noter que c'est le 2e film en 1 semaine à base de caravane et de Bruno Lochet, il se passe un truc, je sais pas quoi mais c'est pas net ! ^^

Le film distille une jolie ambiance, poétique et éthérée à ses heures, avec de jolis flashbacks en N&B

Niveau réal et avec 3.5M€, le film propose une très belle photo en scope, des CGI jolis et bien intégrés, de très jolis mattes.

Evidemment, tout n'est pas parfait : sur plusieurs scènes (notamment d'action), la maladie de la shaky cam frappe encore, ça ne les rend pas très lisibles (surtout quand cela s'ajoute à des plans un peu trop rapprochés), certains décors sont un peu léger ou pas assez exploités et le film assez court (87mn) ne permet pas à certains personnages ou arcs narratifs de s'exprimer pleinement.

Mais le principal problème, c'est surtout le manque d'argent face à l'ambition du réal : il veut peut-être trop en faire. Mais du coup, c'est à la fois sa plus grande qualité et son principal défaut : il n'y a vraiment rien de raté à l'image (SFX, photo, décors) mais pour des raisons évidentes de répartition du budget, le réal contourne, cache, fait des choix de mise en scène pour ne jamais avoir un film cheap et pour en laisser suffisamment pour son climax. Du coup, certaines scènes ne sentent pas le choix mais l'obligation de mise en scène :

Au final, donc, une vraie bonne surprise : un vrai bon 1er film et un vrai bon film de SF français !
J'ai beaucoup insisté sur le côté financier du film : ça n'est pas parce que je suis obsédé par le fric xD ou que le film ne vaut d'être vu que parce qu'il n'a pas couté grand chose. C'est juste que j'ai passé un très bon moment, sans que ce soit au détriment de l'aspect technique ou visuel et ce, malgré un budget très limité ! Le film ne manque ni de talent, ni d'ambition...

Alors, courez le voir en salle, pour permettre à Tandem (la boite de prod') de doubler le budget du prochain film de Romain : je suis impatient de reprendre la route avec lui.