Cette série B, tournée visiblement à la va-vite et avec peu de moyens, est dotée d'un scénario solide et intéressant, ce qui fait d'ailleurs tout son intérêt - ou presque. Le film s'ouvre sur les retrouvailles tendues entre le shérif Clay Halliday et son frère aîné Daniel, que le cadet convainc de rentrer à la maison pour voir une dernière fois leur père, mourant. Un père envers lequel Dan nourrit une haine viscérale, mais qui aurait visiblement décidé de lui demander pardon pour pouvoir partir en paix.


Une fois les deux frères arrivés au ranch Halliday, un long flashback d'une heure nous dévoile les raisons de cette animosité familiale : Big Dan, le père, règne en maître incontesté sur son domaine, mais aussi sur la petite ville voisine dont il est le shérif. Le jour où il découvre que sa fille Martha est éprise de Jivaro, un de ses employés à demi-indien, ses convictions racistes éclatent au grand jour. Des circonstances particulières lui fournissent rapidement l'occasion de faire lyncher le métis, tout en sauvegardant les apparences de l'innocence. Détesté par sa propre fille, il ne tarde pas à l'être aussi par Daniel, qui s'éprend de la sœur du métis et finit par quitter le ranch. Une véritable guérilla s'engage entre le père, tyran abusant de son badge de shérif accomplir pour sa vendetta personnelle, et le fils, bien décidé à lui faire payer son odieux comportement. Plein de violence et d'amertume, le flashback se conclut au moment où Daniel s'apprête à rentrer dans la chambre de son père pour une ultime confrontation...


Tombé, pour les raisons évoquées en ouverture, dans les oubliettes de l'histoire du western, le film de Joseph H. Lewis traite pourtant avec justesse les thèmes graves du racisme et de la haine au sein d'une même famille. Assez avare en action en raison également de sa courte durée (1 h 18), Le Despote privilégie donc le portrait psychologique des deux principaux protagonistes. L'affrontement entre le père et le fils, interprétés respectivement par un excellent Ward Bond et le toujours juste Joseph Cotten, relègue ainsi à l'arrière-plan les autres personnages, joués par des acteurs de seconde zone. Soixante ans après sa sortie, The Halliday Brand reste une série B dispensable et pas spécialement marquante, à part pour le traitement du racisme et de la haine, des "idées" qui sont elles toujours bien d'actualité.

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le 15 mai 2017

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