Guerre sans paix
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Provocation mise à part, il faut maintenant dire pourquoi Bondartchouk est le maître ultime de la guerre au cinéma. Et bien c'est simple. C'est un cinéaste qui dépeint la guerre d'un point de vue social et réaliste. Malgré le sous texte de fierté nationale, il ne se prive pas de mettre en scène une Union Soviétique pas si unie que ça. En effet, dans Le Destin d'un Homme, Bondartchouk nous parle de la réalité de l'URSS. Tous n'étaient pas communistes, tous n'étaient pas membres du parti et tous n'étaient pas des défenseurs du régime. Ils se battaient car ils n'avaient pas le choix et quitte à mourir autant mourir contre l'envahisseur qui est "pire" que le chef. C'est le propos de la séquence de détention dans l'église. Cette partie est foisonnante de lucidité sur la société russe d'alors. On y voit même des russes religieux, ce qui m'a beaucoup surpris venant d'un film soviétique, produit par la Mosfilm. En effet, c'est surprenant de parler de la religion, symbole du passé Blanc, en période Rouge. On y évoque aussi la lâcheté face à la peur, les soldats ne sont pas des héros, mais avant tout des hommes. Un des soldats dans l'église est prêt à tuer un autre soldat parce qu'il est communiste. Là où Spielberg alimente le mythe du héros qui sauvent l'Europe pour sauver les valeurs libérales, Bondartchouk préfère montrer la guerre par les hommes et les femmes qui la font. Je ne détaille que cette séquence du film car elle me semble centrale mais le reste aussi est grandiose. La mise en scène est poignante, le noir et blanc est léché, sombre et magnifique. C'est une claque visuelle d'une puissance esthétique folle. L'un des meilleurs films de guerre que j'ai pu voir. Bondartchouk m'avait déjà marqué avec son Ils Ont Combattu pour la Patrie, il me marque à nouveau avec Le Destin d'un Homme. Un film essentiel, à redécouvrir et à montrer à tous car il a une valeur historique importante.
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le 2 févr. 2024
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