J'apprécie toujours regarder de temps en temps un film de propagande car derrière cela, il y a une importance historique à saisir. Jusqu'à présent, je ne m'étais jamais essayé au cinéma propagandiste chinois, ce qui est désormais chose faite. Remettons nous un peu dans le contexte de l'époque. Le pouvoir communiste arrive au pouvoir et par la même occasion émerge la Troisième génération chinoise dont l'un des étendards sera Xie Jin. "Le Détachement féminin rouge" est considéré comme l'une de ses oeuvres les plus proverbiales et représentatives de la volonté politique de promouvoir l'idéologie rouge. Hélas, le Septième Art de ces années là comporte une grande quantité de films inédits par chez nous. N'en attendez par conséquent aucune version VOSTFR.
Mais revenons au film. Comme c'est souvent le cas dans la propagande, l'histoire est simplissime, peu travaillée et ne se pare d'aucune surprise. Il faut aller droit au but, à l'essentiel, être compréhensible pour parler au plus grand nombre. "Le Détachement féminin rouge" relate l'histoire d'un bataillon de femmes dévouées à la cause communiste face aux horribles nationalistes. Fières et courageuses, elles verront les deux héroïnes principales rejoindre leurs rangs. L'une nourrit une rancune tenace envers le commandant nationaliste en chef responsable de la dislocation de sa famille. Ivre de vengeance, elle mènera la résistance à combattre. Voilà en gros les grandes lignes d'une histoire se suivant sans que l'on ne regarde fréquemment sa montre. Xie Jin ne nous fait jamais vibrer mais il installe un sens du rythme inhérent au genre.
Là où le bas blesse, c'est un peu sur tout le reste. Pour commencer, l'image est laide mais on peut l'attribuer cela aux mauvaises pratiques de conservation chinoise. Secundo, Xie Jin ne fait preuve d'aucune pondération. On subit une véritable overdose de musiques tantôt héroïques, tantôt dignes de la foire à la saucisse. Laisser les bruits environnants ou même le silence n'est pas un mal. Et puis, un autre point qui m'a fait tiquer, c'est justement la propagande elle-même. Ayant pourtant regardé plus d'un film soviétique, nazi ou de la résistance anglaise, "Le Détachement féminin rouge" est le plus poussif, le plus bavard, à un point tel que cela en devient gênant. Vous allez me dire que ce type de produit est volontairement exagéré dans son propos mais ici ça en devient barbant, indigeste, tout simplement lourd.
Pourtant, je pensais que j'allais aimer mais je n'ai vu là qu'une création cinématographique très moyenne, loin des travaux des cinéastes du communisme soviétique et même du nazisme (et Dieu sait que les plus grands réalisateurs allemands avaient quittés le pays à très juste raison). Néanmoins, "Le Détachement féminin rouge", par son importance dans le paysage chinois, reste à découvrir.