Un résumé très rapide de la vie de Talleyrand en guise de titre. On pourrait rajouter que l'homme qui retourne sa veste plus vite que son ombre a aussi eu l'occasion de crier "vive la république!" et "vive le directoire!" et bien d'autre chose encore. Heureusement que Sacha Guitry ne se laisse pas aller à autant de simplicité que moi.
Le diable boiteux s'est avant tout le portrait d'un homme par ceux qui le connaissait le plus. Qui donc? Ses domestiques bien sûr. L'homme était en effet très distant, froid, voir faux, et donc quasiment impossible à percer à jour. Au grand dam de ses opposant qui se sont fait berner plusieurs fois. Mais on ne peut rien cacher à ses domestiques. Ni ses fréquentations, ni ses aller et venu, ni ses états d'âme. Et si les souvenirs de ses domestiques relèvent autant de la presse people que du courrier international, on peut prendre toutes ses informations comme véridique. Même si dans les faits Guitry prend beaucoup de liberté, et que tout n'est pas avéré.
Pour Guitry, réaliser le biopic de celui qui est sans doute le personnage le plus controversé de l'histoire de France n'est pas anodin. En effet il a été accusé de collusion avec l'occupant allemand et connait une période flottement, tant professionnellement que personnellement, au sortir de la guerre. Son premier fil d'après guerre est un portrait de son propre père, lui aussi acteur. Projet très personnel auquel succède le portrait d'un homme qui a toujours clamer avoir servi avant tout la France, plutôt qu'un quelconque gouvernement. Guitry nous enverrait-il un message?
On peut penser ce qu'on veut de Talleyrand, mais nous serons tous d'accord pour dire que c'était un personnage énigmatique et fascinant. Un biopic lui rendant hommage était donc indispensable. Monsieur Guitry s'en est chargé, et le résultat est à la hauteur du personnage : subtil, intelligent et mordant. Une réussite!