En sept sketchs, le diable dévoie les dix commandements.
Le sujet est énorme (ce n'est pas Luchini qui le dit) et aurait pu ouvrir sur des abysses de réflexion, de perversion ou d'humour selon l'angle qu'on souhaitait lui donner.
Julien Duvivier choisit un ton léger pour exprimer son anticléricalisme avec le premier/dernier sketch où un évêque qui voudrait faire apprendre les dix commandements à son ami d'enfance n'est même pas capable de se souvenir du premier. Mais son pessimisme fondamental demeure. Il se montre même résolument athée avec cette vieille qui refuse à Dieu une seconde jeunesse: "une vie, ça suffit!"
Au final, ce diable fier de nous présenter ses tours par la voix de Claude Rich, nous laisse le sentiment d'un adolescent attardé et farceur plutôt que le mal absolu. Dans "tu ne tueras point", les hommes paraissent naturellement plus mauvais que lui. Il n'a pas besoin de pousser beaucoup pour arriver à ses fins.
Il reste cependant quelques répliques savoureuses, telles que celle-ci prononcée par Micheline Presle, cynique: "Les hommes sont tous les mêmes: du jour au lendemain, ils oublient tout ce qu'ils ont fait pour nous!"
Mais c'est surtout le générique époustouflant qui donne l'occasion aux grands noms du cinéma de faire un numéro. Danielle Darrieux est délicieusement inconsciente et narcissique, Fernandel joue "Dieu" avec tout le talent dont on le sait capable, Jean Carmet nous crève le cœur en victime innocente...
Même si un ou deux acteurs se montrent légèrement en dessous de leur réputation, ce sont ces performances qui sauvent le film du naufrage.