Découverte du cinéma de Rocha (il était temps) et avant de voir son hit "Antonio das Mortes" (personnage qui apparait également dans ce film-ci), et celle-ci est conforme à mes attentes. Chef de fil du cinéma Novo, Rocha propose un cinéma à mi-chemin entre traditions (on dirait presque parfois du cinéma primitif) et avant-gardisme (très libre sur la forme, narration étonnante et toujours à contre-temps), tout en jouant le jeu du genre, ici le western mais traité de façon abstraite, comme si Leone avait avalé Manoel de Oliveira et Miklos Jancszo. C'est un cinéma exigeant, où le fil du récit n'est pas forcément ce qui prime (et qui n'est pas non plus ce qu'il y a de plus évident à suivre), et aussi un cinéma qui joue beaucoup sur la question de référent culturel (il évoque en permanence l'histoire de son pays - à ce propos l'analyse de cette chère et érudite Gabriela Monelle dans les bonus est parfaitement éclairante). Découvrir un film d'un cinéaste si important est toujours l'entrée dans un monde dont on ne perçoit pas encore les contours, mais cela donne forcément envie d'aller s'y perdre en espérant avec les temps en apprivoiser les frontières.