Adrien a la lourde tâche d'écrire un discours qu'il dira au cours de la cérémonie de mariage de sa soeur, lui qui a le coeur en miettes car Sonia son amie a demandé à faire une pause dans leur couple et cette pause s'étend méchamment en longueur, lui qui vit dans une famille où règnent les non-dits et les gros bobos se soignent grâce au jus d'orange, lui qui doute beaucoup de sa capacité à faire rire, à être subtil et qui regrette la complicité perdue avec sa soeur justement... Plus qu'un discours, c'est la rétrospective de sa vie, de sa relation aux autres, du pourquoi du comment, de sa place dans la monde, de ce qu'on montre en façade et planque au mieux dans l'intimité. Un film presque en huis clos, presque en monologue ou le formidable Benjamin Lavernhe se suffit à lui-même, multi-casquettes multi-attachant, et les autres sont de pâles figurants, car à un moment où à un autre, dans ses questions lancées tout haut, dans les souvenirs dans lesquels il se retrouve, il y a une situation que nous avons également vécue, un écho, un clin d'oeil, un rictus...
Un bon moment de cinéma, étrange et attachant, qui démarre lentement, et lentement nous emmène dans la tête de Benjamin/Adrien.