Sortie en 1922, Docteur Mabuse le joueur est déjà le neuvième film de Fritz Lang et cette adaptation du roman de Norbert Jacques, peinture de la société allemande d’après-guerre, nous fait suivre le malfrat Mabuse, ses affaires, ses pouvoirs d’hypnose et les efforts du procureur Von Wenck pour l’arrêter.
Très long (270 minutes), le film est séparé en deux parties.
Et pourtant, cette longueur on ne l’a ressent à aucun moment, Fritz Lang rend son film captivant de bout en bout et notamment grâce à une grande richesse d’écriture que ce soit dans le déroulement avec divers rebondissements souvent bien pensées ainsi que dans les personnages qui sont souvent passionnant et en particulier le fameux docteur Mabuse. On le découvre spéculateur et faux-monnayeur et on découvrira ses différents visages au fur et à mesure que le film avance, de psychanalyste à bien évidemment hypnotiseur. Il semble intouchable, change d’identité, profite de la crise et est prêt à manipuler toutes personnes pour arriver à ses fins. La mise en place des personnages est excellente (notamment les premières scènes où Mabuse vole un traité important) et le rythme accélèrent peu à peu, surtout lors de la deuxième partie jusqu’à cet excellent final.
Esthétiquement superbe, proche de l’expressionnisme (alors que Lang nia toujours participer à ce courant), Lang capte à merveille un Berlin sombre où règne jeux, bourses et corruptions et nous offre plusieurs images et scènes somptueuses. En plus de ses thèmes, il va aussi aborder la folie et le désespoir, toujours avec comme fond un pays en crise suite à la guerre. Les interprétations sont excellentes et en particulier l’acteur fétiche de Lang durant sa période allemande, Rudolf Klein-Rogge dans le rôle-titre.
Fritz Lang signe avec Le Docteur Mabuse une oeuvre d'une rare puissance et surtout d'une grande richesse, d'abord d'écriture, puis de mise en scène, avec une ambiance particulièrement forte, sombre et prenante, où l’allemand signe un monument du 7ème art.