Un homme face à la fin d'un monde
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le 22 avr. 2019
Attention ! Cette critique révèle des éléments importants du scénario du film.
C'est l'histoire de Charles, jeune homme english propre sur soi, autant intello que rebelle, autant stupide qu'intelligent. Un type lambda en somme. Il flashe sur une jeune femme de la haute londonienne, et de là ne se donne qu'un objectif : la conquérir. Il met en oeuvre prodiges de stratagèmes, de tactiques et d'efforts. Sur son ordinateur, où il passe un certain temps (déjà en 1991 !), des fichiers où tout est listé, catégorisé, enregistré : la fille connaît à peine son nom qu'il sait déjà tout d'elle. En réalité, il en sait autant qu'une fiche administrative : des informations, des lettres, des chiffres, du superficiel. De la fille en chair et en os, presque rien.
Mais il ne s'arrête pas là, il la trouve, la suit, rejoins la même académie qu'elle, lui fait la cour. On n'est pas encore à l'époque des espions en herbe déprimés qui épient virtuellement leur dulcinée sur les réseaux sociaux, il faut y mettre du sien. Puis c'est la danse habituelle des rendez-vous, certains manqués, annulés, exprès ou par accident; on se cherche, on se trouve, on se perd, puis on se retrouve ... Où va t'on ? Vers l'amour. Du moins c'est ce que le film semble vouloir nous faire croire.
De l'amour ne nous est montré que deux semaines d'ébats torrides, de bains chauds partagés, de baisers fous, d'embrassades agitées. Et puis, en un éclair, comme ça, Charles se lasse. Il l'a conquise, la miss, "he got laid", mais après ? A quoi ça sert de continuer ? De faire un effort ( lui qui en a tant fait pour l'avoir dans son lit) ? D'essayer d'apprendre à vraiment se connaître mutuellement ?
Une ancienne "conquête" passe chez lui, par hasard, il ne résiste pas, n'hésite même pas une seconde, ne se pose pas de questions, et lui fait l'amour. L'autre l'apprend, s'en va le coeur brisé. Et Charles se retrouve seul. Comme un con.
Mais là, sur le dernier quart d'heure du film, tout change pour Charles. Son monde bascule. Il se rend compte qu'il ne peut plus se passer d'elle. Il devient fou, obsédé, désespéré. Elle s'en va à New York, il l'apprend au dernier moment, et se lance dans une course folle dans l'aéroport pour la rattraper ( un peu cliché, au passage). Il n'aura le temps que de voir son avion s'éloigner sur le tarmac.
Il se recroiseront plus tard, par hasard ici aussi. Charles, tout sourire, maintient les apparences. Mais à l'intérieur, il n'est que regrets. Il sait qu'il est passé à côté de tout, et surtout du bonheur.
Le film m'a fait penser au dicton anglophone " the chase is better than the catch" : entendez " la poursuite est plus agréable que d'avoir attrapé ce que l'on poursuivait ". Ce qu'on oublie de dire c'est que lorsque l'on a perdu ce que l'on a eu, et qu'on sait qu'on ne le retrouvera jamais, ce dont on se souvient ce n'est pas de la drague, de la "conquête", des difficultés qu'on a eu à intéresser la fille, mais ce sont ces moments de tendresse infinie où on la tenue dans ses bras, tout contre soi, les yeux fermés.
Pauvre Charles, on ne sait si il faut le plaindre, l'admirer ou se moquer de lui. J'avoue être curieux de savoir ce qu'une femme peut penser d'un tel personnage. L'histoire du film me laisse en tout cas un goût amer.
Voilà, ça c'est pour le fond du film. Pour le reste, le Londres du début des années 90 est en environnement sympathique où évoluent des acteurs jouant juste. Et puis, à noter une très agréable bande son, le bon second rôle de Jonathan Pryce en beau-frère hirsute et mélomane de Charles, et la bouille de beau gosse de James Spader, parce que ça aussi, mine de rien, ça peut donner envie de voir un film !
Créée
le 26 avr. 2021
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