Le Double Amour
6.6
Le Double Amour

Film de Jean Epstein (1925)

Epstein à l'étroit aux studios Albatros

Même exemptée de la présence souvent pesante d'Ivan Mosjoukine, la contribution de Jean Epstein aux studios Albatros ne m'apparaît pas comme transcendante au regard de ce qu'il fera à la fin des années 20 ou même de ce qu'il a déjà pu faire par le passé — comme l'illustre "La Belle Nivernaise" par exemple. Mais si l’on prend en compte le fait que Nathalie Lissenko, protagoniste du film au centre d'un triangle familial père-mère-fils, était la femme de l'acteur russe naturalisé français, sans se vautrer dans le procès d'intention, on peut éventuellement se dire qu’il ne s’agit peut-être pas d'un hasard.


Le fait est que sans être un inconditionnel de l'avant-garde de l'époque, on peut regretter la forme extrêmement classique de "Le Double Amour" qui avance sous l'angle du mélodrame un peu trop chargé et pas tout à fait à l'aise dans son registre. La progression narrative est un peu chaotique, un peu artificielle, et ne permet pas aux péripéties de s'écouler naturellement durant les presque deux (longues) heures. C'est avec beaucoup d'emphase qu'un personnage menace de se suicider après avoir perdu une grosse somme d'argent, avant qu'une femme (une comtesse) ne le protège. On nous gratifie également d'une ellipse de vingt ans pendant laquelle l'homme interprété par Jean Angelo a été envoyé aux États-Unis pour fuir le scandale, y a fait fortune et revient en quelque sorte sur les lieux du crime. Tel père, tel fils : il retrouvera (et ce sera la grande révélation en fin de film) sa propre progéniture dans la situation dans laquelle il se trouvait lui-même 20 ans plus tôt.


On reconnaît pourtant quelques traits caractéristiques que Epstein reprendra et amplifiera, comme ces inserts de falaises battues par les vagues, avec un fort potentiel psychologique au moment où la femme songe au suicide. Quelques temporalités éclatées, un jeu autour de la symétrie des situations entre père et fils face au jeu — avec la répétition du "Sauve-moi, sauve-moi !" adressée à la comtesse, avec 20 ans d'écart. Mais le chemin semble encore long.

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le 18 oct. 2020

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Morrinson

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