Belle mise en scène pour un propos abstrait
Bien que Jean-Paul Belmondo incarne ce doulos, cet indicateur entre l'illégalité et la loi, Jean-Pierre Melville ne le désigne pas comme tel. La faute à la personnalité de Silien fort en gueule et retors, plutôt à l'opposé de l'image d'Epinal qu'on a de l'indicateur à savoir un individu discret, qui se fait tout petit. Or, c'est plutôt le taiseux Faugel, bien que voyou dédié à sa cause, qui ferait figure de doulos dans l'esprit du spectateur car il écoute, est conciliant et obéit. Selon moi, le film joue un peu trop sur cette confusion des genres, ce qui implique que sa lecture s'en trouve difficile. C'est le petit bémol car tout le talent de Melville est déjà là avec une mise en scène efficace et des dialogues qui cognent.La clarté et l'efficacité du propos,le réalisateur la trouvera dans son futur chef d'oeuvre en couleur,le Cercle rouge.Reste l'esthétique du film noir dans le doulos et une appréciation très américaine des bons et des salauds proche de Dick Tracy. Pour finir, j'estime que c'est un film qu'il faut regarder plusieurs fois histoire de s'approprier toutes ses qualités. de l'intrigue subtile au jeu de rôles complexe.