Melville était un touche-à-tout dans le cinéma français mais c'est avec le film policier qu'il a écrit ses plus belles lettres de noblesse. Parmi eux, il y a Le doulos.
Le doulos, c'est un chapeau. Mais dans le jargon policier, c'est un indicateur ou celui qui porte le chapeau. Voilà pour l'explication du titre.
Au final, on obtient un film policier assez bien construit, dans le milieu des cambrioleurs et voleurs, parfois assassins, où l'amitié possède une place importante mais où les trahisons sont évidemment interdites.
Pour commencer, il faut mettre en avant l'immense casting: Reggiani, Piccoli et Belmondo composent un trio incroyable. Personnellement, j'avais quelques craintes par rapport au personnage de Bebel. S'il ne m'est pas aussi insupportable que Delon par exemple, on ne peut pas dire qu'il figure parmi mes acteurs français favoris comme peuvent l'avoir été d'autres comédiens. La pillule passe même si, encore une fois et à titre personnel, j'aurais préféré voir un autre acteur, Belmondo assure et c'est finalement le principal. On préférera toutefois le jeu de Piccoli ou de Reggiani. A noter que le premier a déjà été dirigé par le metteur en scène dans Léon Morin, prêtre.
Au niveau de la réalisation, on constate une fois de plus que Melville, c'est du solide. Pour preuve: le premier plan-séquence plutôt réussi. Même si on n'atteint pas la précision et la maturité dont le réalisateur avait fait preuve pour L'armée des ombres.
Cette oeuvre, d'un point de vue de l'histoire donne directement le ton: "Il faut choisir... mourir... ou mentir?" La citation de Celine ouvre le film et nous indique comment sont les personnages. Chacun possède sa propre personnalité et ment. Une oeuvre noire, véritable hommage au polar américain que Melville aimait tant. Le français fera des émules chez Tarantino ou Woo encore qui affectionnent tant le cinéma de ce cinéaste. On obtient avec Le doulos, une oeuvre assez complexe, parfois compliquée mais admirablement bien construite.
S'il ne s'agit nullement de la meilleure oeuvre de Melville, on obtient un classique du polar français. Ce n'est déjà pas si mal...