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Ce film est un petit chef-d'oeuvre de lyrisme, une magnifique adaptation du déjà magnifique roman d'Antonio Skármeta ("Une ardente patience"). Philippe Noiret campe avec simplicité et bonhomie Pablo...
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le 1 mars 2011
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À 16 ans, je suis tombé amoureux de Déborah, une fille d'une autre classe. Le temps des récréations et du cours d'anglais, je l'observais de loin : son visage joliment construit, malgré son grand front, son maquillage contrasté, ses cheveux le plus souvent attachés, son corps fin, sa poitrine légèrement bombée, ses petites fesses rebondies. Un jour, je confiai à Geoffrey, un ami, l'attraction que je subissais et la timidité qui m'empêchait d'aller lui parler ; il me conseilla de lui écrire un poème. Je m'y attelai le soir même appliquant scolairement et maladroitement les rimes. Le lendemain, il était convenu que je retrouve mon ami devant la gare près de l'école ; je lui remis le bout de papier et nous attendîmes Déborah qui, nous le savions, devait passer par là. Geoffrey alla alors à sa rencontre, il lui tendit le papier ; j'observais de loin, un peu en retrait de peur qu'elle me voit. Le papier à peine donné, mon ami se retourna dans ma direction, et me fit le signe du pouce en l'air discrètement ; derrière lui, Déborah, qui était accompagnée d'une amie, déplia le papier, posa ses yeux dessus quelques secondes, puis, faisant une petite grimace, jeta le papier dans une corbeille à proximité, ou bien était-ce par terre, tandis que son amie souriait.
1 an plus tard, nous allions passer notre examen de science, tous les élèves de tous les enseignants de cette branche regroupés dans le même grand local ; le hasard fit que Déborah fut placée devant moi : dès qu'elle s'en aperçut, elle alla voir son amie, stressée, je l'entendis dire que ça ne pourrait pas être possible là et demanda à son amie d'échanger leurs places. J'en fus quelque peu bouleversé.
7 ans plus tard, j'ai décroché un emploi temporaire à la Capitale. Je devais prendre le train de 6h pour arriver à temps sur mon lieu de travail. Je remarquai la présence de Déborah sur le quai, un main. Les autres matins elle était là aussi. Nous prenions le même train et un jour elle entra dans le même wagon que moi. C'est en arrivant à destination qu'elle m'a reconnu. Alors que nous nous dirigions tous deux vers la porte de sortie, elle me regarda, esquissa un sourire ; je fis comme si je ne l'avais pas reconnue, restai indifférent à son accroche et détournai même la tête une fois arrivée à ma hauteur pour regarder la file de gens qui s'amassait dans l'espoir de sortir. Je l'ai recroisée encore quelques fois avant que mon contrat ne prenne fin, elle resta indifférente à ma présence.
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C'est mignon comme film.
L'intrigue est assez simple, comporte des conflits très modestes mais appropriés à la personnalité du postier, un jeune homme timide, angoissé, qui vit un peu dans son monde, qui refuse de grandir, qui est décalé du système en quelques sortes. Sa rencontre avec le poète va changer sa vie, le bouleverser. C'est très bien écrit et les dialogues entre les deux hommes sont savoureux. Le final est amer mais parfait.
La mise en scène est sobre, une caméra qui est juste là pour observer les échanges mais aussi pour suivre d'assez prêt cet homme à la fois sot et intelligent. Les mouvements ne sont jamais très ambitieux mais sont adéquats. Les décors apportent beaucoup à l'esthétique du film et le chef opérateur en tire profit pleinement. L'acteur principal, Massimo Troisi, propose un jeu délicat, on dirait qu'il fait l'enfant, ça fonctionne très bien ; son interprétation si particulière, si fragile, vient probablement du fait qu'il devait subir une opération du coeur, qu'il repoussa pour après le tournage... il mourut une jour après que le film fut tourné. Noiret ne fait que lui répondre avec sagesse et c'est très bien comme ça. Les autres acteurs font très bien le boulot. La BO n'est jamais trop envahissante et complète bien l'ambiance du film.
Bref, un chouette petit film, tendre.
Créée
le 12 mars 2022
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