La franchise Manitou de Graham Masterton n'aura eu droit qu'a une seule adaptation sur grand écran. C’est le tome 1 qui est à l'honneur, le film étant sorti peu après le bouquin. En tête d'affiche, le génial Tony Curtis (le papa de Jamie Lee) en Harry Erskine, rôle taillé sur mesure (l'intro du personnage avec cette séance de divination hilarante). On retrouve aussi parmi les noms connus le regretté Burgess Meredith que les fans de Rocky connaissent bien pour son rôle d'entraineur nerveux et colérique au destin tragique.
Le film fait un quasi sans-faute pendant plus d'une heure, jusqu'à la naissance de Misquamacus, aboutissement de tout ce qui a été montré jusqu'à présent. La fidélité au roman reste très majoritairement présente. Il y a bien quelques différences, plus ou moins regrettables. Harry et Karen se connaissent déjà (anecdotique), les cauchemars de Karen sur bateau hollandais sont passés à la trappe (plus gênant car on perd une partie des origines de l'homme-médecine), les décès d'Amelia et MacArthur ne sont mêmes pas évoqués (mais là, même l'auteur à retourner sa veste) et Singing Rock voit son personnage modifié, et là, ça me chagrine énormément. Explication : l'indien a toujours eu de la rancune contre les descendants des colons venus foulés la terre de ses ancêtres, mais il a aussi conscience que retourner vivre dans les tepees et se passer de toutes les avancées qui en ont découlé équivaudrait à revenir à l'âge des cavernes. Celui-ci est d'ailleurs courtier en assurances dans le roman et s'est parfaitement adapté au mode vie occidentale. Sauf que là, le gars est plus rancunier que nécessaire, au point qu'on en viendrait à croire que c’est lui qui désire voir l'homme blanc disparaitre alors qu'à coté, les motivations de Misquamacus ne sont mêmes pas expliqués. On sait juste qu'il veut ressusciter et n'exprime de la haine qu'à la suite des séances aux rayons X. On perd le fondement même de ce qui motive le retour du faiseur de prodiges (mais ça ne sonne pas assez horrifique, donc on renomme ça faiseur d'épouvantes).
Bref, on suit ça avec intérêt, la fameuse résurrection attendu tient toutes ses promesses, même si je pesterais contre l'aspect bien clinique de celle-ci, là où Masterton ne lésine pas sur le gore repoussant. Puis c'est à partir de là que le film va montrer ses limites. Le budget n'est pas dans le top, et pire, tout les passages impliquant les ancêtres des effets numériques (parce qu'à l'époque, c'était système D) donne un aspect ridicule au métrage. Je pense à
l'apparition du démon lézard
, même si ce n’est rien en comparaison de la bataille final, avec ses incrustations bas de gammes, ses explosions issues d'une époque révolue, sans parler
du duel au laser entre Karen (what ?) et le Grand Ancien.
Ouais, le métrage accuse clairement son âge, manque de budget et technique d'époque oblige, mais dans le reste, on sent déjà que c'était vieillot à l’époque, avec ses enchainements d'un plan à l'autre qui ont bien 10 ans de retard minimum, sa bande sonore proprette et son montage dépassé. En fait, le film serait sorti dans les années 60 voir 50 qu'il se serait fondu dans la masse. À peine arrivé qu'il est déjà old-school... Pour le coup, un remake ferait un grand bien à cette œuvre que pas mal de fantasticophiles considère comme culte (ils sont sympas pour le coup), le potentiel de la saga s'y prêtant et offrant des possibilités étonnantes. Enfin, à condition que ça soit pas fait n'importe comment, avec les tendances hollywoodiennes, on sait jamais.