Knight and the city
“You gotta convince me that you know what this is all about, that you aren't just fiddling around hoping it'll all... come out right in the end!” En une phrase et avant un chapelet de répliques...
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Une jolie femme engage deux détectives, Sam Spade et Miles Archer, pour suivre un certain Floyd Thursby afin de retrouver, sa soit disant sœur. Au cours de la nuit, Archer est abattu alors qu’il piste Thursby, lequel subit peu après le même sort. Sam enquête sur les deux meurtres, d’autant qu’il est très intrigué par sa cliente qui dit s'appeler Brigid O’Shaughnessy. Il découvre bientôt qu’elle gravite autour d’une bande assez louche qui compte Gutman, Joel Cairo et un jeune gangster peu futé, Wilmer.
Tous cherchent une statuette d’une valeur inestimable : un faucon d’or qui faisait partie du trésor des chevaliers de Malte.
Le Faucon maltais est considéré à juste titre comme l’un des meilleurs polars de l’histoire du cinéma. Il a été le prototype du film noir, un modèle d’écriture cinématographique dont s’inspira toute une série de films policiers.
John Huston s’attaquait pour la première fois à la réalisation, après avoir travaillé dix ans comme scénariste pour la Warner. Durant cette période, il avait collaboré au scénario de nombreux films notamment celui de La Grande évasion, qui fut également le premier film dans lequel Bogart jouait le rôle principal.
Pour Huston, qui durant sa jeunesse avait été successivement soldat, vagabond, boxeur, figurant et écrivain, il n’allait guère être difficile de s’entendre avec Dashiell Hammett, l’auteur du roman. Comme Huston, Dashiell Hammett avait exercé de nombreux métiers comme vendeur de journaux, commis, agent publicitaire et aussi détective pour le compte de l’agence Pinkerton. Il s’était même occupé du meurtre dans lequel avait été impliqué Fatty Arbuckle. Atteint de tuberculose, Hammett s’était ensuite tourné vers l’écriture de romans policiers où il montra un immense talent littéraire.
Le roman d’Hammett avait déjà connu deux adaptations cinématographiques. La première en 1931, par le réalisateur Roy del Ruth, avec Bebe Daniels et Ricardo Cortez, la seconde en 1936, sous le titre Satan Met a Lady, une réalisation de William Dieterle, avec Bette Davis et Warren Williams. Mais seule l’adaptation de Huston est passée au rang de classique du cinéma. Au départ, le rôle de Sam Spade est offert à George Raft qui le déclina, ne voulant pas risquer sa réputation et gâcher sa carrière avec un cinéaste débutant.
Finalement c'est Bogart qui hérita du rôle. Lui qui depuis plus de dix ans, était confiné dans les rôles de gangsters.
Pour ses 34 premiers films produits par la Warner, Bogart avait été par neuf fois bagnard, il était mort huit fois sur la chaise électrique ou par pendaison, treize fois, enfin, il avait fini criblé de balles.
Le Faucon maltais permit à Bogart de se dégager de cette image stéréotypée et permettra à sa carrière de s'envoler. Personne n'a jamais su aussi bien que lui se mettre dans la peau du personnage du privé et nous en serons éternellement reconnaissants à John Huston.
Il est même aujourd'hui impossible de lire aujourd'hui un roman noir de l'époque sans imaginer Bogey dans le rôle du privé. Bogart trouve dans le héros de Hammett, un personnage à la fois cynique et romantique, las et désabusé, obstiné et machiavélique, une sorte d'aventurier de la jungle urbaine qui côtoie la pègre mais conserve tout de même son intégrité morale en suivant un code de conduite dont il ne dévie jamais, finalement il est moins corrompu et pourri qu'il semblait l'être au départ.
Huston disait souvent que la chose la plus importante c'était de confier le bon rôle aux bons acteurs.
Le Faucon maltais en est la plus parfaite illustration. Pour le rôle de Brigid, Huston avait choisi Mary Astor, alors âgée de trente-cinq ans, qui avait déjà vingt ans de carrière derrière elle mais qui se trouvait, à cette époque, un peu en perte de vitesse. La comédienne aborda son rôle avec beaucoup d’intelligence comme l'illustre cette déclaration: « Brigid était une menteuse congénitale, un peu psychopathe aussi. Mais il arrive que ce genre de menteur puisse parfaitement feindre la sincérité ; pourtant, par mille petits signes, on peut s’apercevoir qu’ils sont en train de mentir, par exemple ils ne peuvent pas s’empêcher de respirer un peu plus vite. Mais moi aussi, très souvent, je respirais plus vite avant de jouer une scène". Peter Lorre, d’origine hongroise, qui avait fui l’Allemagne nazie, était un acteur très connu aux États-Unis depuis qu’il avait interprété le personnage principal de M le Maudit de Fritz Lang (1931). Walter Huston, le père du réalisateur, fait une apparition dans le rôle du marin qui entre en chancelant dans le bureau de Spade, lui remet le faucon puis s’écroule, raide mort. Le vieil Huston eut ensuite l’occasion de se plaindre de cette brève scène, qu’il avait dû répéter pendant toute une journée. Les innombrables chutes qu’il avait été obligé de faire lui avaient aussi donné des bleus sur tout le corps.
Le nombre de prises, en général, est peu important dans les films réalisés par Huston. Celui-ci préparait en effet très soigneusement le scénario et le plan de travail, si bien que le tournage se faisait rapidement. Pour Le Faucon maltais, il n’y eut ni changements ni improvisations durant les prises de vues, et le film finit donc par coûter moins cher que prévu. Mary Astor se souvient que pour une scène compliquée, toute une journée de travail avait été prévue. Mais Huston parvint à la tourner en sept minutes, avec une seule répétition. Le tournage suivit pratiquement la chronologie de l’histoire, ce qui permit aux acteurs de comprendre l’intrigue assez complexe.
Ce qu’il y a de mieux dans le travail du réalisateur, c’est le naturel avec lequel il met en relief les éléments d’une scène et compose un plan. Pour filmer un dialogue animé, la caméra se rapproche et agresse presque les acteurs durant la prise de vue mais s’ils conversent tranquillement elle s’éloigne afin de ne pas créer une tension inutile. Huston ne se sert pas de la caméra de façon rhétorique, il ne cherche pas à tout prix le beau cadrage, mais il réussit tout de même à façonner une grande quantité de plans inoubliables.
Malgré tout, ce chef d’œuvre a bien souvent été qualifié de bavard et évidemment ce premier long métrage de Huston abonde de dialogues mais rien ici de lourd ou d'ennuyeux, au contraire, le tempo est rapide et haletant, le réalisateur allant toujours à l'essentiel et cela donne des échanges on ne peut plus savoureux.
Si Le faucon maltais atteint cette sorte de perfection c'est également parce que Huston a suivi à la lettre les conseils du producteur Henry Blanke qui sont de réaliser chaque scène comme si elle était la plus importante du film et de faire en sorte que chaque plan ait son importance à l'intérieur du métrage.
Le résultat final est sans appel, il n'y a pas un plan de trop. Le script était parfait sur le papier, Huston l'a tourné tel qu'il était sans y ajouter ni y retirer quoi que ce soit.
La justesse et l'intelligence de sa méthode sont flagrantes. Le scénario est brillantissime, les dialogues pleins d'humour sont aussi parsemés de nombreuses répliques qui font mouche et la photographie de Arthur Edeson qui se situe à la limite de l'expressionisme, est magnifiquement contrastée et donne au film cette atmosphère typique qui sera maintes fois reprise par la suite durant l'âge d'or hollywoodien.
Archétype du film noir et classique du cinéma américain, Le Faucon Maltais de John Huston, outre le fait de la création des codes du genre est la rampe de lancement de la carriére d’une des grandes icônes du cinéma, Humphrey Bogart.
Créée
le 23 avr. 2019
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