[Attention, je spoile sans vergogne]
Suivre la vie d'un homme à travers les yeux de son chien et le contenu de sa gamelle : l'idée est bonne. Il aurait effectivement pu être amusant de comprendre quels grands tournants, quelles étapes notre humain traverse en ayant pour seul indice les boulettes de viande qu'il laisse tomber de la table pour son compagnon à quatre pattes. Ca aurait pu être amusant, oui. Mais je n'ai pas beaucoup ri.
Du jour au lendemain, les spaghetti, cuisses de poulet et parts de pizza qu'il offrait au clébard sont remplacés par des brocolis dégueulasses. De la salade. Des épinards et je ne sais quoi encore. On est donc censés comprendre que l'humain est en couple ? Qu'il a adopté le régime alimentaire herbivore de ces créatures qu'on appelle femmes, obsédées par leur ligne, chiantes ? L'humain est même obligé de braquer son frigo en plein nuit pour baffrer de la glace. Sans doute que la Femme lui interdit les desserts, aussi. Quelle rabat-joie, cette pouffiasse !
Du jour au lendemain, les brocolis disparaissent et les pizzas réapparaissent. Ah, ils ont rompu. Mais la ruminante castratrice doit lui manquer, car l'humain pique de grosses crises de nostalgie à la seule vue d'un brin de persil. J'aimerais pas qu'un ex pense à moi en voyant un brin de persil.
Loyal et bête, le chien court donc chercher madame, qui revient s'installer avec ses légumes, et, loyal et bête, le chien se force à être content même s'il ne reçoit plus jamais de restes appétissants.
Bon appétit.