Ride dans la Porsche de ta darling dans la night de la city vers l’immortalité du love.

A ceux qui disent « cliché », les créateurs répondent « universel ».


Oui, on a le droit, en 2017, de faire un film avec des amants passionnés, le coup du dernier braquage avant la quille, des amis toxiques et des mafieux monstrueux, des traumas infantiles et de l’amour plus fort que la prison, la police, les chiens et la maladie.


On a le droit, à condition de réussir son coup.


Michael R. Roskam a déboulé sur nos écrans en 2011 avec la claque brute Bullhead, qu’il ne cesse depuis d’édulcorer, que ce soit dans le virage ricain de Quand vient la nuit ou ce retour au bercail belge, toujours accompagné de Matthias Schoenaerts.
Le couple qu’il forme avec Adèle Exarchopoulos a tout du glamour cinégénique : il braque, elle pilote, il est musclé, elle est belle, ils s’aiment, pas de fleurs, doggystyle dans la caravane, et ce sera aussi étincelant que compliqué à vivre.


La photo se la joue un peu seventies, la caméra se place au ras du bitume, et les bad guys tentent de lorgner vers une belgitude râpeuse, celle des Ardennes pour le crime ou de Belgica pour la fête, mais les singent sans les atteindre.
Tout cela n’est pas bien répréhensible, et la scène majeure du braquage autoroutier assez bien troussée.


Le problème, c’est que Roskam est ambitieux, et que son film va durer 130 minutes, notamment à renfort de petites scénettes de transitions (la nuit, chez moi, tranquille…) on ne peut plus dispensables, et au gré de développements narratifs qui commencent par lasser par leurs lieux communs avant de se révéler totalement consternants.


Jugez plutôt : (si vous ne voulez pas voir le film, faites-vous plaisir en lisant le spoil, parce que c’est assez savoureux)


Le gars va en prison parce que son braquage a foiré, foire sa conditionnelle à cause d’un chien dans la rue (oui, les chiens, grande histoire chez Roskam, c’était un ressort majeur dans Après la nuit, et c’est carrément le fil rouge ici), cherche à féconder sa femme durant les rencontres au parloir, mais ça ne marche pas, et elle a un cancer, elle devient donc chauve et elle meurt, et décide d’organiser son évasion après sa mort. Cadeau, genre, voyage à Buenos Aires, organisé par la mafia albanaise, ce qui implique une refonte de son visage à grands coups de lattes. Mais lui veut plus trop y aller sans elle, tout ça n’a pas de sens (elle aurait pu y penser la gourdasse, c’est vrai), mais les albanais insistent et le mettent en cage AVEC DES CHIENS, allez comprendre, mais ça cautionne son trauma de la scène pré-générique et ses confidences en salle d’attente, et donc, affronte ta peur, bastonne du mafieux à la chaine (pas dans le sens Taylorisme, mais à la laisse métallique d’un chien, donc) et ride dans la Porsche de ta darling dans la night de la city vers l’immortalité du love.


A ceux qui disent « sadisme gratuit », les créateurs peuvent répondre « personnages tragiques éprouvés par leur destin ». Mais pour que cela fonctionne, encore faudrait-il qu’on éprouve pour eux quelque chose.

Sergent_Pepper
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le 4 nov. 2017

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Sergent_Pepper

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