Un bon opus Ichikawa qui, s'il n'atteint pas non plus des sommets, se suit avec plaisir grâce à la simplicité de son récit qui n'est ni un drame, ni une comédie, ni une fresque, ni un film historique ou encore une étude de mœurs. C'est un peu un mélange de tout ça mais sans jamais verser dans un genre ou un autre grâce à un formidable dosage dans son écriture qui choisit d'éviter les climax, les éclats ou les temps forts traditionnels. Le film désamorce souvent ses situations en basculant légèrement dans le contre-temps pour mieux jouer sur nos attentes (sans être distant ou froid).
Le style du cinéaste correspond en cela à la nature de son héros qui manque un peu de poigne et de caractère et qui s'avère souvent passif face à l'autorité de son odieuse famille maternelle (ou les charmes de ses maîtresses). La majeure partie du récit se déroule ainsi en intérieur feutré plutôt que dans des vastes décors reconstitués ou au travers de la transcription de la vie sous la seconde guerre mondiale. Les rares extérieur sont souvent d'ailleurs de grandes pongées qui décomposent le cadre en de violents traits horizontales pour mieux symboliser le conservatisme de cette société tellement obsédé par les apparences que ça devient grotesque (et cruellement injuste)
Réalisation sobre et classieuse avec toujours cet art typiquement japonais de parvenir à faire des scènes de plus de 10 minutes dans 5 m2 sans jamais reproduire deux fois le même cadre et sans que le découpage ne semble forcé ou artificiel.
Quant aux acteurs, ils sont tous excellents à commencer par Raizo Ichikawa une nouvelle fois génial et véritable caméléon capable d'être crédible en vieillard avec juste une manière de laisser pendre sa mâchoire. En face de lui, le casting féminin ne démérite pas avec entre autres Ayako Wakao et Machiko Kyo.
La discrétion du traitement est en tout cas la grande qualité de ce film. On ressort du film en ayant beaucoup aimé sans vraiment dire pourquoi.