Will Proudfoot (Bill Milner) grandit dans une famille encadrée par une communauté religieuse aux coutumes extrêmement stricte, qui interdit tout accès à la télévision, au cinéma, à la radio… Mais la rencontre avec un garçon rebelle, Lee Carter (Will Poulter), va le pousser à regarder une version piratée de Rambo. Emballé, il entre dans le projet de Lee de faire leur propre remake du film. Mais le projet va leur échapper lorsqu’il va faire le tour de l’école, et que chaque élève va vouloir y trouver sa place…
Pour son deuxième film, Garth Jennings nous transporte très loin des délires de son précédent H2G2 : Le guide du voyageur galactique, pour nous offrir une chronique assez touchante de l’enfance, et du passage à l’adolescence, avec tous les dangers que cela induit. Sur ce point, le film atteint sa cible à presque tous les coups, sans mièvrerie excessive. Petit film à petit budget, Le fils de Rambow (le w en trop est expliqué en trois répliques, tout à la fin du générique) parvient à rendre de manière assez amusante, sans basculer dans la caricature, le tiraillement de Will entre une religion rigoriste (les Frères de Brethren) et la volonté de vivre une vie qui ressemble à celle de ses camarades. Sans basculer non plus dans une psychanalyse de bas étage, Garth Jennings parvient à bien montrer comment le parcours de chacun est guidé par ce qu’on a vécu pendant l’enfance, selon le soin qu’ont pris les parents de nous. Ainsi, l’insupportable Lee Carter devient attachant dès qu’on voit que son inconduite est le fait du désintérêt de ses parents pour leurs enfants, et son attachement à son frère d’autant plus touchant que ce dernier est loin d’être parfait, mais qu’il est la seule personne qui lui reste dans la vie. Cela permet aussi de comprendre son comportement de caïd, simple transposition de l’attitude de son frère vis-à-vis de lui à son propre entourage, afin de réprimer toute la souffrance de la solitude et de l’insignifiance (parfaitement mis en abyme avec l’arrivée de Didier, correspondant français qui joue le chef de bande pour mieux cacher le rôle de souffre-douleur qu’il endure de la part de ses camarades).
Et l’aventure que vivent Lee et Will va se révéler être un chemin de maturité, non seulement pour eux, prenant conscience du vrai sens de l’amitié, mais aussi pour leurs tuteurs (le frère de Lee qui comprend que la vie ne consiste pas qu’à faire ce qu’on veut, la mère de Will qui comprend que l’amour de ses enfants doit primer sur des interdits religieux parfois arbitraires). Et par sa mise en scène toujours inventive et son humour rafraîchissant, Jennings parvient tout-à-fait à évoquer la magie de l’enfance et sa capacité à rêver, ainsi que la dangereuse séduction des « grands » et des interdits.
Enfin, le réalisateur s’éloigne avec bonheur d’une morale naïve à l'américaine (du genre « si on veut, on peut accomplir nos rêves »), en montrant que la vie est faite d’épreuves qui brisent nos rêves, mais qu’on en sort grandi, et que c’est ces épreuves qui nous font avancer dans la vie… Malgré quelques longueurs et quelques passages un peu trop décousus, c’est donc avec plaisir et émotion que l’on suit l’itinéraire de ces enfants, très bien interprétés (on retrouvera l’excellent Will Poulter dans Narnia, Le labyrinthe ou The revenant) et bien mis en scène, dans un film qui, pour n’être pas un chef-d’œuvre, n’en est pas moins émouvant et pas moins fort.