Tournée avec un luxe de moyens tels que savait en déployer la MGM, cette fresque biblique reste très méconnue en raison sans doute de son échec commercial ; en effet, elle ne s'est jamais hissée à la hauteur des autres fresques du même genre ou des vrais péplums gréco-romains, et sera par conséquent très loin de rivaliser avec le Ben-Hur de William Wyler 4 ans plus tard, où la MGM a mis le paquet.
Malgré ce handicap, ce film constitue néanmoins une bonne surprise, on peut se laisser prendre au charme de cette intrigue qui illustre la fameuse parabole de la Bible à propos du fils qui a dépensé tout l'argent de son héritage paternel et qui revient piteux à la maison familiale bien accueilli par le père, alors que le frère qui se casse le cul à bosser pour son père, ne reçoit rien ; j'avoue que ces paraboles bibliques m'ont toujours laissé dubitatif, mais bon, je ne suis pas là pour causer religion mais cinéma.
La reconstitution du palais d'Astarté évoquant les fastes de Damas, la direction artistique qui affiche un ahurissant kitsch hollywoodien, et la beauté ensorcelante de Lana Turner drapée dans de resplendissantes toilettes, figurent parmi les qualités de cette fresque qui oppose la séduction ostentatoire de Lana Turner à la naïveté d'Edmund Purdom. Sans doute que l'insuccès du film peut s'expliquer en partie par ce choix de casting : Purdom, beau ténébreux anglais qui venait de se faire connaître l'année précédente dans L'Egyptien, n'a aucun charisme et se révèle médiocre acteur, il tournera ensuite un joli film de cape et d'épée à Hollywood, le Voleur du roi avant de finir sa carrière dans les péplums italiens à Cinecitta. Le reste du casting est heureusement à la hauteur, avec Louis Calhern, Joseph Wiseman, Neville Brand, Taina Elg, John Dehner ou Henry Daniell... mais je crois que le savoir-faire de Richard Thorpe réussit aussi à limiter la casse.
Thorpe a abordé tous les genres à la MGM, aussi bien les Tarzan avec Johnny Weissmuller, les films de chevalerie dont le plus fameux reste Ivanhoë, les grands films d'aventure comme la Perle noire ou le Prisonnier de Zenda, les westerns (la Vallée de la vengeance), ou les films musicaux tels que le Grand Caruso ou le Rock du bagne pour Elvis Presley. Le Fils prodigue est donc moins spectaculaire que Samson et Dalila ou les Dix commandements, mais il a quand même belle allure, et il appartient à un genre dont Hollywood semble avoir perdu le secret, malgré quelques tentatives modernes comme le minable remake de Ben-Hur en 2016 ou le plus honorable Exodus Gods and Kings en 2014.