Les débuts du Fleuve de la dernière chance sont des plus grisants. Une troupe de cavalerie doit rejoindre son fort au Colorado, et ce sans se faire repérer par des guerriers indiens aux abois. La scène est efficace car si les tuniques bleues ne voient pas leurs ennemis, on ressent la présence de ces derniers qui sont cachés derrière des rochers. En quelques minutes, le réalisateur Jerry Hopper démontre ainsi toute son efficacité pour représenter une menace invisible à l'oeil nu mais qui est pourtant bien réelle.
Une grande partie du film tournera alors par la suite autour de cette idée de cache-cache avec les indiens, les soldats de la cavalerie décidant de finalement quitter leur fort pour s'enfuir par bateau sur le fleuve du Colorado. Sur ces flots impétueux, ils devront rester sur leur garde car l'ennemi, toujours invisible, les épiera depuis la rive, prêt à attaquer à n'importe quel moment.
De ce pitch naît donc de très belles séquences pleines de tension comme celle où les soldats longent un canyon et remarquent dans le ciel des nuages de fumée, signe que les indiens les suivent à la trace.
Concernant les personnages constituant justement cette troupe de cavalerie, on est dans le classique et les amoureux de John Ford ne seront pas dépaysés. Nous retrouvons entre autres :
1. le héros, homme pacifiste essayant du mieux possible d'éviter un bain de sang avec les indiens,
2. le capitaine, homme buté mais droit respectant le code de la cavalerie à la lettre,
3. la jolie fille du général, prête à tomber dans les bras du héros.
Bref, c'est simple et efficace, comme beaucoup des westerns de série B de la Universal à cette époque.