La loi de Murphy

Le Flic de Beverly Hills est une comédie policière des années 80 qui ne se départi jamais d'une énergie et d'une bonne humeur communicative.
Au départ, le film avait été envisagé comme un énième film policier mettant en vedette une star de film d'action de l'époque, en l'occurence ce bon vieux Sly, mais le projet a pris un virage à 180 degrés lorsque Eddie Murphy, jeune étoile montante de la comédie, est envisagé pour jouer le rôle principal, faisant naturellement évoluer le ton du film de l'action pure vers la comédie, ce qui sied mieux au talent comique de Muphy. Le jeune comédien de 23 ans(impressionant de voir la maitrise et la confiance qui emmane d'un si jeune comédien d'ailleurs) se retrouve donc propulsé pour la première fois en tête d'affiche , évolution fulgurante mais naturelle pour celui qui s'est fait d'abord connaître au debut des années 80 à travers ses sketchs dans cette institution aux USA qu'est l'émission de télévision Saturday Night Live, puis au cinéma à travers sa collaboration avec Nick Nolte dans le très sympathique 48 heures deux ans auparavant , ainsi que via une autre collaboration réussie avec Dan Ackroyd, autre célèbre alumnus du SNL, dans l'excellent Trading Places/Un Fauteuil pour deux de John Landis l'année précédente.

Le Flic de Berverly Hills souffre donc un peu de ses premières étapes de développement alors que Murphy n'était pas encore attaché au projet. Son scenario assez attendu comporte tout de même la bonne idée de confronter deux mondes: la noirceur industrieuse de Détroit et le glamour ensoleillé de Beverly Hills opposant deux Amériques et deux manières de voir le travail de police: la débrouillardise gouailleuse et toujours à la limite (voire les dépassant franchement) d'Axel Foley se trouvant opposée à la rigidité légaliste des agents californiens. Cette formule d'opposition de style n'est pas d'une originalité sans borne mais s'était déjà avérée payante dans les deux films précédents d'Eddie: 48 heures jouant la carte du "buddy cop movie" en obligeant un flic et un voyou à collaborer, et Trading Places faisant de même avec un très riche et un très pauvre. Le Flic de Beverly Hills garde donc une formule qui s'est déjà avérée payante. Mais le film est avant tout réussi lorsqu'il laisse toute latitude à Murphy de développer sa fantaisie. Il est bien soutenu dans sa tâche par les personnages secondaires, Taggart, Rosewood et Bogomil en tête; c'est d'ailleurs dans l'évolution de la relation entre ses personnages que le film est le plus amusant.

Martin Brest à la mise en scène fait le boulot sans panache particulier mais de manière
efficace, et le film est soutenu par une bande son "plus eighties tu meurs" avec des chansons qui flairent bon la permanente et des compos originales au synthé dont le tube Axel F que chacun a fredonné un jour dans sa vie, la plupart du temps lorsqu'il était sur le point d'accomplir quelque tour pendable(mais restant bon enfant). Le tube fut en partie ruiné lorsqu'il fut repris par un immonde batracien et donna des envies de meurtre même aux personnes qui étaient parvenues à garder un peu de leur santé mentale après son écoute.

Même si Eddie Murphy est déjà connu, Beverly Hills Cop va le propulser comme une star comique sur la scène internationale et lancer sa carrière définitivement.

Il faut aussi toucher un mot de Med Hondo doubleur officiel de Murphy malheureusement aujourd'hui décédé qui a fait de nombreuses fois un travail d'interprétation remarquable en doublant Murphy.

Le flic de Beverly Hills continue près de 36 ans après sa sortie de fonctionner très bien grâce à un rythme soutenu, un casting de second rôles impeccables, mais avant tout grâce au personnage jubilatoire d'Axel Foley, flic et voyou tout à la fois au culot monstrueux, composé de main de maître par un Eddie Murphy excellent de bout en bout. Tout cela concourt à faire de ce film un petit classique de la comédie d'action 80's.