J’aurais dû aimer ce film : Age, Scarpelli, Risi et Coluche, un quatuor gagnant, assurément ! Tellement de promesses au générique ! Or, de comédie italienne, je n’ai pas eu la saveur. Ou bien dans son sens le plus large et pas toujours brillant.
“Le fou de guerre” est une farce très cruelle, construite comme son titre l’indique sur la folie meurtrière d’un handicapé de la vie. Coluche interprète un officier de l'armée italienne au cours de la seconde guerre mondiale dont l’immaturité affective constitue en plein conflit un péril aussi dangereux que l'ennemi.
Coluche livre d’ailleurs une prestation impressionnante, dérangeante, plongeant son personnage dans un abyme de cruauté et dans le seconde suivante devenant un enfant apeuré, un être fragile.
Ce héros malheureux permet au scénario de fustiger à peu de frais l’incurie, l’absurdité de la hiérarchie militaire, sa dangerosité, sa faiblesse dès lors qu’un de ses rouages se grippe.
Mais je trouve le procédé facile. Un peu trop gros. Le propos n’a pas assez de mordant. Il y a un trop large fossé entre la folie du personnage et la manière dont les soldats découvrent l’étendue des dégâts. Le prétexte du piston en haut lieu essaie de colmater cette brèche scénaristique, mais n’y parvient pas du tout à mon sens : au bout du compte (du “conte”, devrais-je dire), on n’y croit pas vraiment à cette histoire.
Finalement, on comprend qu’il s’agit d’une caricature, d’une outrance que les auteurs veulent maîtrisée pour nous proposer une sorte de conte moral et politique. Et je ne suis pas convaincu par la démonstration.
Il y a quelques éléments ajoutés qui me gênent également, des scènes autour du personnage joué par Beppe Grillo qui me semblent hautement dispensables, notamment l’auscultation de la jeune femme.
Bref, le scénario ne me paraît pas véritablement abouti, en partie à cause de ces déséquilibres. Peut-être que je suis injuste et qu’ils ont cherché surtout à créer un personnage ambigu, susciter une espèce de fascination pour lui, voire de présenter une poésie morbide de la folie. mais si c’est bien cette ambition qui a présidé à l’écriture, je reste frustré. La folie est un thème majeur de la filmographie de Dino Risi et je crois qu’en dehors des “Monstres” où elle éclatait de mille feux et rires, il a été bien plus efficace avec “Âmes perdues”. Ici, c’est un coup d’épée dans le sable du désert.
Captures et trombi