"I didn't kill my wife." - "I don't care."
Quand j'étais gamin, Le fugitif d'Andrew Davis s'invitait souvent à la maison le soir. Il faut dire que pour ma mère, la présence d'Harrison Ford à l'écran justifiait simplement le fait de le voir et le revoir encore. Je me souvenais encore aujourd'hui de pas mal de scènes et pourtant ça faisait facilement dix ans que je ne l'avais plus revu.
Et oui, ni TF1 (ou RTL, l'équivalent belge) ne diffusait ce film, basé sur la série. Andrew Davis signe pourtant une oeuvre d'action à l'ancienne particulièrement jouissive dans sa première grosse partie (et même un peu plus), mais un peu plus bancale dans sa seconde moitié.
Tout débute pour le mieux dans le meilleur des mondes. Un générique nous montre par intermittence le meurtre en train d'avoir lieu. Le public sait directement qu'il ne s'agit pas de Kimble. Notre homme est interrogé par les flics, coffré et envoyé en prison. En moins de dix minutes, tout est posé, on est dans le vif du sujet.
S'ensuit l'évasion et cet accident de train avec le bus qui sera maintes fois parodié, notamment dans une oeuvre avec Leslie Nielsen. Et nous constatons avec plaisir que Davis maitrise son sujet, comme touché par le divin, lui qui n'est qu'un (très) honnête faiseur de films. Tout s'enchaine à merveilles, le spectateur est happé par les événements et le seul petit bémol reste peut-être le saut dans le vide de Kimble au barrage où il en ressort simplement tout mouillé. C'est pas pour dire, mais il aurait normalement dû mourir.
Dans cette traque, nous avons deux acteurs tout simplement bien classes. Harrison Ford d'un côté, dans l'homme traqué, prêt à tout pour pas subir la petite injection létale et surtout prouver son innocence au monde entier (ou du moins à Chicago). De l'autre côté, il y a Tommy Lee Jones, marshall presque sans foi et qui n'a qu'une envie: coffrer le docteur. Nous pouvons dire que le personnage est froid et sans état d'âme, notamment lorsque Kimble lui signale qu'il n'a pas tué sa femme. Réponse de l'intéressé: "I don't care."
Mais malheureusement, l'oeuvre va s'essouffler. La faute en fait à un scénario qui prend la carte d'une espèce de complot pharmaceutique et à cette recherche de la vérité de Kimble. C'est nettement moins rythmé et même si ça se regarde toujours sans déplaisir, nous ne sommes certainement plus au même niveau que la première partie. D'ailleurs, c'est simple, les vingt dernières minutes ne me disaient vraiment plus rien.
Et puis, il y a comme cette petite discussion dans la voiture à la fin et le générique qui apparait comme un cheveu dans la soupe. Personnellement, cinq petites minutes de plus n'auraient pas fait de tort. Ou alors, c'est parce que le film continuait sa chute et que nous aurions aimé retrouver le niveau du début pour clôturer l'action. Ce n'est donc pas le cas et plutôt que de se retrouver face à un grand thriller, on se retrouve face à quelque chose d'extrêmement sympathique, dont on ressort avec un léger goût de trop peu.