Cette histoire est ancrée de l'inconscient collectif de l'Australie. Portée à l'écran par Justin Kurzel, l'histoire du Gang Kelly se résume ici principalement aux fondamentaux qui l'ont conduit à exister, plus que ses actes en eux-même. En effet, il dépeint principalement la genèse et le circonstances qui ont amenées la bande à vivre et surtout à agir en conséquence.


Si la première partie du film reste de bonne facture avec ses personnages très travaillés et des enjeux qui tiennent bien la route, la suite est malheureusement de moindre qualité malgré quelques sursauts d’orgueil. L'injustice que tente de justifier le récit n'est jamais appuyé par sa narration, si bien que la portée dramatique du sujet est réduite à néant. On sent bien quelque part que Kurzel, sans tenter de justifier et légitimer pour autant les actes des criminels, essaye malgré tout de provoquer compensation et empathie auprès du spectateur, sans que cela ne fonctionne. Un peu comme si, sur le principe, on se retrouvait devant une sorte de Braveheart bis, sans que la sauce ne prenne vraiment. (bien que ce dernier soit totalement romancé). En résulte, une certaine perte d'attractivité, le film devant par moment long et ennuyeux.


Dommage, car il faut bien le reconnaitre que se soit dans sa réalisation ou dans sa direction d'acteur, le film brille par moment. Le casting s'en sort haut la main, avec en point d'orgue bien-sûr George Mackay, qui, à travers le long et sinueux chemin de croix de son personnage, s'affirme enfin en tant que leader charismatique du groupe. Son jeu, à la fois toute en nervosité mais aussi avec une extrême sensibilité en devient touchant à bien des égards. Mais c'est également Essie Davis qui tire son épingle du jeu, à travers le rôle central d'Ellen, la mère de Ned, fluctuant entre louve hystérique prête à tout pour sauver sa meute du monde sauvage qui l'entoure et survivante d'une société qui ne veut pas d'elle.
Le parti pris du réalisateur de (trop) traiter "l'avant Gang" est tout de même acceptable, certain plans et séquences sont parfois de toute beauté. On a affaire à quelqu'un qui n'est pas dépourvu de talent artistique, bien que ses précédemment films soient plus que discutables sur le fond.


En sculptant scrupuleusement son protagoniste, Kurzel en oublie la portée symbolique de son aura, souvent au mépris de l’intérêt général.

bobbyfun
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le 16 nov. 2020

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