Un film coup de poing sur l'innocence brisée
La fin de ce film cloue le spectateur à son fauteuil tant, même s'il se doutait que l'histoire n'aurait pas une belle fin, il pouvait espérer un dénouement moins atroce, aussi inhumain où l'innocence et la pureté (surtout celle incarnée par le merveilleux regard bleu d'Asa Butterfield) sont brutalement brisés. On a beau savoir, on a beau connaître l'étendue terrifiante de la bêtise et de la méchanceté humaine, on ne peut qu'être soi-même brisé à son tour par une telle conclusion.
La force du film vient surtout de la mise en parallèle de la vie "normale" que vit la famille allemande, voulant ignorer, comme l'ont fait des milliers de gens "normaux", aussi bien en Allemagne que dans le reste du monde, ce qui se passait à moins d'un kilomètre de leur maison. A part la dernière scène, plus suggérée que véritablement montrée, il n'y a pas de signes avant-coureurs de l'effroyable dénouement (les quelques allusions : la réflexion du lieutenant sur l'odeur des fumées qui sortent des cheminées du camp, la violence dont il fait preuve vis-à-vis du pauvre Pavel pour se dédouaner d'avoir lui-même des origines juives - rôle admirablement incarné par Rupert Friend, pour être révoltantes, n'en restent pas moins des allusions). La fin terrible qui saisit le jeune héros est un véritable coup de poing qui vous met KO.