En fait on ne devrait pas être amis, on est censés être ennemis
Papa a une tête de mort chromée trop classe sur sa casquette d'officier. D'ailleurs, il a eu une promo et nous emmène vivre à la campagne. De ma fenêtre, je vois des fermiers travaillant derrière des barbelés. Ils font brûler quelque chose qui ne sent vraiment pas bon...
On le sait, l'Holocauste est la plus grande tragédie du 20ème siècle. Il est essentiel qu'à chaque génération, cette horreur absolue soit traitée pour ne jamais oublier. L'envisager à hauteur d'enfant est a priori une idée fascinante et "Le Garçon au pyjama rayé" caresse des thématiques dignes d'intérêt comme cette cassure entre Bruno, le héros, et sa sœur Gretel ; entre l'acceptation du lavage de cerveau idéologique et le refus au nom d'une certaine innocence.
Le film bénéficie d'une réalisation agréable aidé par une belle photographie et surtout, il évite de tomber dans tout pathos lourd, pas de plan appuyé pour forcer à nous arracher des larmes, pas d'utilisation de musique dramatique. Aussi sa courte durée de vie permet d'éviter une extension artificielle d'évènements même si on aurait pu penser que cela aurait pu servir à développer les personnages. Je préfère le matériau tel qu'il est, où le père et la mère sont des personnages assez lointains, plus concernés par les enjeux historiques qu'ils vivent que l'enfant.
Ça nous rapproche davantage du point de vue de Bruno car tout ce qu'on voit dans le film, c'est ce qu'il voit. Cela permet de mieux comprendre le malaise qu'il ressent car si nous, on est au courant de l'existence des camps et de leur utilité, il faut tout de même savoir qu'à l'époque, ces camps étaient vendus comme un lieu où les juifs vivaient en toute tranquillité le temps d'attendre quelque chose. Seules quelques rumeurs parvenaient à l'oreille des allemands qui ne pouvaient alors pas croire à une telle monstruosité.
Un film émouvant porté par deux enfants extraordinaires. Un drame comme on les aime: simple, sans longueur et dur.