Si vous me demandez, comme ça, des œuvres de Mamoru Hosoda, je pourrais vous citer de tête La Traversée du Temps, Summer Wars ou encore les Enfants Loups, Ame et Yuki. Certes, ce sont les plus connues chez nous, mais toutes ont une personnalité propre, et elles soulevaient des questions sur certains sujets contemporains. Il en est de même pour Le Garçon et la Bête. Ce long métrage d'animation raconte comment un garçon qui a fugué de chez lui découvre un monde parallèle peuplé d'animaux et devient ainsi le disciple d'un ours bourru. Deux êtres immatures, qui devront apprendre à s'apprivoiser l'un l'autre.



Problèmes existentiels et humanité



Le Garçon et la Bête est surtout une occasion de soulever des questions existentielles chères au réalisateur : la non-filiation par le sang, l'amour, l'absence parentale. Les deux héros, Kyuta et Kumatetsu, ont grandi seuls. Ils ont tous les deux un vide affectif qu'ils n'arrivent pas à combler. Ce qui explique leur immaturité. Mais c'est aussi en apprenant des autres qu'on arrive à grandir. Si Kumatetsu est colérique, immature, et est en conflit permanent au début du film avec Kyuta qui est également une forte tête, c'est à son contact qu'il s'améliorera, et il en sera de même pour le jeune homme, sans doute en quête d'un père de substitution. Un échange mutuel donc, qui leur servira sans réussir à combler complètement le « vide » de l'être. Malgré des aspects enfantins, le film touchera sûrement plus les ados et adultes dans ses thématiques.
Il faut reconnaître le génie de Hosoda dans la façon dont il fait grandir ses héros, en quelques plans, nous passons 10 ans plus tard, sans que nous ne nous en rendions compte.
La dualité hommes/bête , que tout oppose, se retrouve également dans les deux environnements principaux du film : D'un côté, nous avons le monde des humains, et de l'autre celui des animaux, deux univers séparés qui ne se mélangent pas. Pourtant, le premier, montre une masse informe de personnes déshumanisées, anonymes, traversant sans même s'en rendre compte le carrefour géant de Shibuya. Bref, des zombies. De l'autre, nous avons le monde animal, plus médiéval mais plus chaleureux.On peut même dire que le plus humain des deux mondes est celui des animaux. Cela se voit dans les teintes utilisées : claires pour les bêtes et sombres pour les hommes. Cependant, les défauts humains sont présents dans les deux sociétés, comme le harcèlement de plus faibles que soi, visible au cours de deux scènes.
Nos deux héros seront secondés par un bonze à nez de cochon et un singe humanoïde, qui ont la aussi, deux personnalités opposées. Je vais finir par croire que Hosoda aime bien les oppositions...
Cependant, le scénario devient plus subtil au fur et à mesure contrairement à ce qu'il parait début.
Le film est aussi rempli de symboles et de références de la culture nippone. Par exemple, le Seigneur des animaux est représenté par un lapin, qui représente ici la longévité. Il faut aussi noter les références à Moby Dick.



Le passé féconde l'avenir...



On ne s'ennuie pas une seconde dans ce métrage, tout est bien calibré, bien rythmé, et l'histoire prend des tournants inattendus, jusqu'au final absolument fantastique. Graphiquement, on reconnaît tout de suite la «patte » Honoda, et c'est superbe. Les musiques sont également très bonnes et l'animation ne souffre d'aucun défaut.
Ce conte rempli de symboles est un hymne à l'apprentissage, au temps qui passe et à la nécessité de grandir.Le fait d'être adulte permet d'avoir des souvenirs et ce qui est sur, c'est que j'en aurai un très bon du Garçon et la Bête.
Mamoru Hosoda n'est pas aussi connu que Myazaki, notamment chez nous, mais il pourrait bien le devenir. Parce que ses productions n'ont rien à envier au maître. Preuve en est encore avec ce film. Que puis-je lui souhaiter pour la suite ? Une meilleure distribution en salles, mais ce sera sans doute pour le prochain métrage.

Julius
9
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le 17 janv. 2016

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Julius

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