Alors que le Japon cherche son nouveau Miyakaki, la réussite de ce "le Garçon et la Bête" nous donne bon espoir d'avoir trouvé le nouveau Satoshi Kon, ce qui est loin d'être dérisoire. Comme dans les meilleures œuvres de Kon, voici un festival délicieux de sensations colorées, de sentiments expansifs, d'idées joyeuses, de créativité tout azimut. Si l'on peut tiquer un moment sur les poncifs du film "d'initiation" désormais bien rebattus, la joyeuse vulgarité et la violence enfantine des rapports entre maître et élève qui éclairent la première partie du film sont un vrai bonheur. Mais c'est lorsque le scénario du film fait un virage à angle droit à l'entrée de Ren dans l'âge adulte, et le confronte à un choix fondamental entre le monde des humains (avec l'éducation et l'amour d'une semblable à la clé) et celui des "bêtes" (avec des valeurs que l'on peut juger supérieures), que le film décolle puissamment. Le dernier mouvement, esthétiquement magnifique (l'ombre de la baleine; puis son spectre digital au dessus de la ville), renoue certes un peu trop avec les stéréotypes du manga pour adolescents, mais ce foisonnement thématique, même s'il induit que tous les thèmes ne sont pas forcément explorés à fond, et même si le spectateur peut avoir un sentiment de papillonnage excessif, fait la richesse excitante du film. Pas totalement réussi mais étrangement satisfaisant, "le Garçon et la Bête" est une autre preuve de la vitalité et de l'intelligence de l'Anime, même en une période de doutes et de remise en question. [Critique écrite en 2016]