Un plaisir de retrouver le maître de l'animation japonaise sur grand écran. Surtout lorsque celui-ci sort de sa retraite pour revenir nous émerveiller avec ses visions fantaisistes. Cela remonte à Chihiro pour ma part, donc ça date. Et le film tient ses promesses techniquement avec une animation d'orfèvre qui régale la rétine durant deux heures. J'ai apprécié également le troublant héron du titre qui se dévoile progressivement. Les fans de Miyazaki seront aux anges, car cette dernière œuvre regroupe aussi bien les thématiques propres à son auteur que des visions et des images formant un joli pot pourri de ses précédents films. Quelques scènes et images cauchemardesques bousculeront cependant les plus jeunes (comme dans ses œuvres les plus sombres et adultes telles que Chihiro).
Néanmoins, une fois les qualités formelles énumérées ainsi que l'univers fourmillant d'idées salué, Le Garçon et le Héron s'avère quelque peu décevant me concernant. Excepté Mononoké, je n'ai jamais été un admirateur de Miyazaki bien que je respecte l'ensemble de son œuvre. Cela s'explique notamment par ma méconnaissance de l'animé japonais dans sa globalité. Mais je trouvais dans Le vent se lève, véritable œuvre testamentaire et précédent film davantage d'émotions devant ce récit intime et adulte qui se détachait clairement des univers bariolés et fantaisistes du monsieur.
C'est assez courageux de présenter un petit garçon, Mahito, si peu expressif devant l'horreur de la guerre et les blessures intimes. Quelque chose s'est cassé en lui. Mais difficile de s'attacher à lui, et la première demi heure pourra lasser quelque peu. Une fois que Mahito s'enfoncera dans un univers parallèle, le film ne cessera de surprendre et de chahuter le spectateur. Quitte à perdre une partie de son audience devant tant de personnages et d'éléments à la seconde qui deviennent cryptiques sur la longue.
Reste quelques scènes magnifiques qui resteront en mémoire comme seul Miyazaki sait les imaginer. Son auteur l'a d'ailleurs avoué lui-même de ne pas vraiment avoir saisi entièrement son dernier effort. Dommage pour l'émotion et le scénario. Il reste tout de même le voyage et les images marquantes, et c'est déjà pas mal au cinéma !