Le Garçon et le Héron, dernier chef-d'œuvre de Hayao Miyazaki, se présente comme une rêverie mélancolique et envoûtante, marquée par la touche inimitable du maître de l’animation. Si ce chant du cygne peut sembler dispersé et moins percutant que Le Vent se lève, il n’en demeure pas moins un adieu émouvant et majestueux, où Miyazaki, à nu, semble dire au revoir à son public et à son royaume des rêves et de la folie. Ce film incarne une forme de paix ultime, une contemplation divine et poignante de l'immortel faisant ses adieux.
Le Garçon et le Héron se révèle être une incitation forte à persévérer. Si c’est véritablement son dernier film, alors c’est un adieu ravissant, car nul autre que Miyazaki ne sait distiller les vérités élémentaires en tableaux animés aussi vibrants et poétiques. Le film jongle avec une logique onirique irrésistible, mêlant l’adorable (les créatures blanches Warawara qui gonflent comme des ballons) et l'obscur (des soldats perruches en quête de chair fraîche). Ce qui rend l’œuvre captivante, c’est l’équilibre constant entre le réel et le magique, deux mondes qui coexistent sans hiérarchie.
C’est peut-être le film le plus expansif et majestueux de Miyazaki. Ce n’est pas nécessairement le plus époustouflant d’emblée, mais il s’impose par la profondeur de ses mondes imbriqués, couches après couches, pour créer une expérience écrasante. Le Garçon et le Héron nous rappelle que Miyazaki est toujours, et sans conteste, le plus grand animateur vivant. Cette méditation sur le deuil et le passage à l’âge adulte solidifie sa position au sommet.
Si ce film est réellement son ultime révérence, c’est une magnifique dernière arabesque qui rassemble de nombreux fils thématiques et esthétiques explorés tout au long de sa carrière : la relation de l’homme à la nature, la majesté du vol, les tiraillements entre l'amour et la perte. C’est une œuvre magnifique, à la fois énigmatique et pleine de l’éclat d’un maître au sommet de son art.
Miyazaki, qui avait annoncé sa retraite avec Le Vent se lève il y a dix ans, revient pour nous offrir l'un de ses films les plus imaginatifs et mûrs à ce jour. La richesse folklorique de Le Garçon et le Héron s’épanouit comme l’imagination d’un enfant, avec des sauts synaptiques dans la narration et l’imagerie qui semblent impossibles à réaliser pour un esprit adulte.
Ce film est aussi complexe que son créateur, une œuvre magistrale qui mélange l’odyssée héroïque d’un enfant et l’adieu empreint de nostalgie d’un vieil homme. Le spectateur quitte Le Garçon et le Héron avec un sentiment de vide, comme si Miyazaki souhaitait à la fois nous confronter à la perte et nous consoler.
Ce qui définit Le Garçon et le Héron, c’est son sentiment de regard en arrière, avec une tendresse et une tristesse palpables pour le temps passé. Miyazaki puise dans son propre vécu, rêvant un monde où tout semble possible, même la réinvention de soi. C’est un voyage somptueux, qui redéfinit la pertinence internationale de Miyazaki et du Studio Ghibli. Si ce film est vraiment la fin de sa carrière, Miyazaki quitte la scène avec un triomphe, rappelant à tous que, même dans un monde chaotique, le courage et la compassion peuvent forger un nouvel espoir.