J’aime bien Kurosawa. C’est lui qui m’a fait découvrir le cinéma Japonais. Quand j’ai vu Ran la première fois, j’ai découvert un type de cinéma vraiment nouveau, alliant grand spectacle, dialogues théâtraux, personnages hors du commun et une beauté plastique rarement vue. Alors j’ai regardé d’autres films de lui, et c’est finalement Yojimbo qui est le plus parfait exemple de son style.

Yojimbo raconte l’histoire d’un samouraï errant qui arrive dans un village déchiré par une guerre de gang. Il va se proposer comme garde du corps à l’un puis à l’autre et va tenter de résoudre la crise en les montant les uns contre les autres. Le scénario, sans être incroyable, est véritablement porté par les personnages.
Le personnage principal déjà, responsable à lui seul de l’inflation du cool. Toute son attitude respire la classe et le respect. Bien sûr les gens tristes lui reprocheront d’être cliché et que des héros-qui-font-semblant-d’être-détachés-mais-qui-sont-en-fait-bons on s’en est déjà bouffé des paquets. Mais le personnage n’a pas pour intention d’être original pour être original. Par contre Mifune, l’acteur, arrive à pousser le personnage à son paroxysme. Qui se caresse mieux la barbe d’un air profond que lui ?

Mais tous les personnages sont extraordinaires, les deux chefs avides, le croque mort content pour ses affaires, la femme du vendeur de saké horrible, le géant, le mari déprimé, et bien sûr le frère qui revient de loin, avec une arme à feu, orgueilleux, fier et sûr de son nouveau pouvoir. Des personnages humains, mais aux caractères bien définis, presque hors normes. Kurosawa n’essaie pas là encore d’être le plus subtil mais de créer une atmosphère marquante centré sur des personnages hauts en couleur.

Mais le plus impressionnant dans ce film, qui m’impressionne à chaque film de Kurosawa, par ailleurs, c’est la beauté des images, la maitrise de la camera parfaite, l’esthétisme avant tout. Tous les plans sont millimétrés, la gestion de la lumière incroyable, ce qui donne une image en noir et blanc hallucinante. Chaque plan est marquant et nous reste gravé dans la tête. Même sans être habituellement très sensible à l’art visuel — j’ai tendance à accorder plus d’importance aux personnages et aux émotions qu’ils font passer — je trouve impossible de ne pas y être sensible ici. La plastique du film, combinée avec le cadre et les personnages donne une ambiance et une identité incroyablement forte à Yojimbo.

Certains pourraient se plaindre de la relative lenteur du film. C’est vrai, Yojimbo a quelques problèmes de rythme, comme dans tous les Kurosawa que j’ai vu, mais c’est le prix à payer pour des scènes magnifiques pleines de tensions et de charismes. Il ne faut pas plus, mais il ne faut pas moins non plus.
Basique
9
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le 7 déc. 2012

Modifiée

le 9 août 2013

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Basique

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