Le Gaucho
7.2
Le Gaucho

Film de Jacques Tourneur (1952)

Le gaucho est une sorte de cousin argentin du cow-boy américain, avec lequel il partage de nombreux points communs : il porte un chapeau, il monte à cheval (il est même capable de se mettre debout dessus pour regarder au loin !) et conduit du bétail à travers de grandes étendues sauvages. C'est un individu généralement un peu rustre, au tempérament sanguin, mais doté d'un sens de l'honneur élevé, et fidèle en amitié. Comme son homologue du Far West, l'hombre de la pampa affectionne par-dessus tout son indépendance, et voit d'un très mauvais œil son mode de vie remis en question par la modernité galopante, un peu trop synonyme à son goût de barbelés, de trains, de militaires et de citadins sans scrupules. Préférant se battre au coutelas plutôt qu'au pistolet, jouer de la guitare plutôt que de l'harmonica et se nourrir d'œufs de nandou plutôt que lard et haricots, le gaucho a enfin tendance à confondre, tout aussi promptement que le cow-boy, la fierté et l'entêtement.


C'est un bel exemple de cet archétype de personnage que nous offre ici Rory Calhoun, vedette de ce pseudo-western tourné dans la pampa, les estancias et les montagnes d'Argentine. Calhoun n'est pas un excellent acteur, loin s'en faut, mais sa grande carcasse, son regard d'aigle et sa tignasse aile-de-corbeau collent bien à ce personnage d'authentique gaucho qui préfèrera renoncer à l'amitié de son frère de lait, riche propriétaire terrien, pour une bête question d'honneur. Enrôlé de force dans l'armée, il préférera ensuite défier l'autorité du major Salinas, officier sévère mais juste, avant de déserter. Après avoir sauvé, par hasard, la vie de la belle Teresa, il préférera enfin lui imposer une austère existence de fugitive dans les montagnes, plutôt que de payer sa dette à la société afin de pouvoir l'épouser, ensuite, et couler avec elle des jours heureux. Bref, c'est l'histoire d'un type qui enchaîne les mauvais choix...


Voilà pour la trame de cette tragédie dans la pampa, tournée sur place en 1952 par Jacques Tourneur, habile artisan de la 20th Century-Fox. Malgré de superbes paysages naturels, une musique inspirée et la présence au casting de la belle Gene Tierney en aristocrate énamourée et des solides Richard Boone et Hugh Marlowe dans les deux principaux seconds rôles, ce petit film peine à enthousiasmer véritablement. Pas tant par la faute de Calhoun, mais davantage par le peu d'ambition de ce scénario archi-classique, et le manque de scènes d'action vraiment épiques. Honnête, donc, mais sans plus.

mazthemaz
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le 20 mars 2018

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The Maz

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