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Il y a des films d'animation qui marquent plus que d'autres. Chacun a son Disney fétiche, le premier qu'il a découvert en salle, ou trouve une affection particulière dans les thèmes abordés par Pixar et Ghibli. D'autres préféreront l'animation japonaise à l'américaine. Les plus anciens citeront peut-être Paul Grimault pour Le Roi et l'Oiseau.
Moi j'ai une affection particulière pour Le Géant de Fer.
Après avoir travaillé sur quelques épisodes des Simpsons, Brad Bird s'est tourné vers Warner Bros pour réaliser un long métrage d'animation qu'il sortira en 1999 aidé par un studio qui cherchait à se remettre du désastre qu'avait été Excalibur l'Epée Magique sorti l'année précédente (et qui contient étrangement la même référence à un super héros qu'on retrouve dans le film de Bird). Et alors que la première œuvre d'un cinéaste est souvent imparfaite, Brad Bird livre un Géant de Fer particulièrement abouti.
Influencé par des gens comme Paul Grimault précédemment cité mais aussi Steven Spielberg (E.T) et Hayao Miyazaki (Laputa), Brad Bird décide de raconter une histoire d'amitié entre un petit garçon et un robot géant atterrissant pour une raison inconnue sur Terre. Un peu comme Elliott du film de Steven Spielberg retrouvait un Goldorak doué de vie dans son jardin. Et avec la naïveté et la sincérité d'un petit garçon, il va à la fois le cacher des adultes, le protéger mais aussi lui apprendre comment on vit sur Terre quand on a une dizaine d'années. Et évidemment quand il s'agit d'un robot dont on ignore le but, les choses ne sont pas simples.
Elles le sont d'autant moins que l'histoire se déroule dans un contexte historique peu évident à appréhender pour le jeune public : la Guerre Froide. A une époque où on voit le mal partout, difficile de planquer un monstre mécanique. Il sera directement perçu comme une menace. Culturellement, c'est aussi le développement des comics. Superman n'a qu'une petite vingtaine d'année et est devenu un héros populaire.
La force du Géant de Fer, c'est de viser -notamment grâce à son époque- tous les publics. Le film passera d'ailleurs d'un registre à l'autre en plusieurs actes. Le premier est la découverte du géant, la peur, l'inquiétude. Le second est plus humoristique dans la manière dont est traitée la relation entre Hogart et son compagnon métallique à la fois plus grand que lui par la taille mais au fond beaucoup plus petit à ses début. Le troisième sera orienté action et émotions... Ca aurait pu être un gloubiboulga mais en réalité les trois actes forment un tout parfait qui permet à chacun d'y trouver son compte.
Le film se cherche aussi à se différencier de ses prédécesseurs et concurrents. Exit le sidekick idiots ou les grandes chansons. Si le jeune Hogart est classique, sa maman est sans le sous et il se lie d'amitié avec un adulte ferrailleur à tendance « artiste cool ». Et musicalement, c'est vers Michael Kamen que les équipes se sont tournées, un compositeur dont le travail (Robin des Bois Prince des Voleurs, X-Men, Highlander) est très éloigné d'un Alan Menken.
Enfin, la réalisation est déjà une belle démo pour un futur grand réalisateur. C'est propre, soigné, et Bird sait s'entourer en faisant notamment appel à un certain Teddy Newton pour la partie storyboard (qui travaillera en tant qu'animateur avec Bird chez Pixar et réalisera le très beau court métrage Day & Night mêlant 3D et animation traditionnelle).
Le Géant de Fer se termine sur un intense moment d'émotion qui fait mouiller les yeux, point culminant de toute l'histoire déroulée jusque-là. Et rien que pour ça, il mérite que vous vous jetiez dessus dès possible.
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