De la Poésie et des PéPé(e)s. Les Américains leur ont tout PomPés, saPristi!

Août 2022, je regarde un film pour entre autres oublier l'actualité des incendies, lorsque Louis de Funès crie soudain à Galabru au sujet de Maurice Risch:

"Il n'a rien vu mon adjudant, c'est un pyromane!" (il veut dire mythomane)

Scénario moins huilé hélas que ses personnages: les épatants lieux de tournage sont reliés parfois de manière peu naturelle; c'est parfois un peu forcé, exagéré, alambiqué, voire capillotractée, comme sans doute la maquette de la navette. Mais film parfait pour les amateurs de quiproquo&malentendus (quand, par exemple, un personnage n'a aucune idée de pourquoi un autre l'attaque?!)

Un film de 1979 qui de toute évidence... a influencé les plus grands réalisateurs, auteurs et a résonné et infusé au-delà de sa sphère cinématographique, comme un peu récemment La La Land (dont le style a été copié dans des publicités):

• de toute évidence, il devrait être associé aux films autour de L'Invasion des profanateurs: si le Hirschbiegel avec Nicole Kidman et Daniel Craig s'y trouve sur SC en compagnie du Abel Ferrara, nos Gendarmes et leur double le pourraient.
• « encore une chose », de toute évidence, Steve Jobs s'en est inspiré pour son Apple Watch: les extraterrestres ont une montre connectée carrée à fond noir; on sait qu'elle est aussi étanche car celle de l'alien qui meurt au contact de l'eau, marche encore. Steve Jobs avait 24 ans en 1979 et je ne serais pas surpris qu'au retour d'un voyage en Inde, il s'est arrêté incognito sur la côte d'Azur...(il parait qu'il avait des airs de hippie végétarien). Possible figurant en vacances à St Tropez? Un de ceux en maillot de bain trop petit? ...et qui aurait donc vu cette grosse montre carrée avec le gros soleil ou sigle Shell qui apparait quand leur réserve d'huile descend trop.
• de toute évidence, le seau à champagne où la bouteille est d'huile d'olive a inspiré Valérie Lemercier pour son sketch de 'Cuisine et recette à l'huiiiile'. Elle adore Louis de Funès et a déjà refait sa danse de Rabbi Jacob et n'a pu que jouir à la façon dont il a de crier qu'ils "boivent de l'huiiiiiile". "C'est de l'huiiiiile". "Rooooh de l'huuuilllllle".
• de toute évidence, le film devrait être associé au groupe 'Le Jour où la Terre s'arrêta' : car Lambert Wilson, le premier extraterrestre qui apparait à l'hilarant Maurice Risch, lui tient quasi les mêmes propos que l' "alien qui suggère au peuple terrien qu'il doit vivre en paix ou sinon être détruit et considéré comme un danger pour d'autres planètes". Ils tirent d'ailleurs des rayons du regard comme dans la version du Jour où la Terre s'arrêta de Robert Wise.
• de toute évidence, Keanu Reeves a accepté son rôle dans la version de 2008 après avoir vu celle de Lambert Wilson, pensant ne pas pouvoir faire pire.
• Lambert Wilson qui n'apparait d'ailleurs plus dans le film et même pas dans les deux génériques...Son personnage semble remplacé par un acteur sensé peut-être lui ressembler mais qui me rappelle plus un Hervé Vilard blond.
• de toute évidence, Tim Burton s'est inspiré de Louis pour l'hilarant "ack ack ack" crié par ses petits extraterrestres à grimaces et grosse tête dans Mars Attacks acks acks. Car Louis crie "hack hack hack" (je l'ai enregistré!...passant pour un autre fou à la maison...c'est quand ils mettent le feu à son képi et que Louis s'enfuit le haut du crâne en feu: "hack hack hack")
• de toute évidence, Roland Emmerich s'en est inspiré pour son un peu plus cher Moonfall, car ici aussi la lune se révèle AUSSI une structure extraterrestre, qui se camoufle aussi en lune.
• "Ni Dieu Ni Maître", de toute évidence, un film krypto communiste sous influence de Mikhaïl Bakounine, car un film au montage et ressorts criant régulièrement "Ni Dieu Ni Maître": par exemple, visuellement des supérieurs subissent régulièrement des tentatives de sodomies au tournevis et pire, l'institution du mariage est littéralement bafouée par des attaques au canon à eau, où de bons catholiques sont traités comme des manifestants hippies de 68...l'entrée d'Eglise est même profanée par de l'eau non bénite laïcarde dispersant les catholiques. Le sentiment de puissance clairement explose chez ces terroristes sociaux infiltrés dont le visage sur ce char arrosant les gens s'illuminent de jouissance...
• regardez bien! les têtes hilares des gargouilles Grosso&Modo, ersatz d'anarchistes à la Sacco&Vanzetti, qui ont même amené le jet au niveau de leur aine et c'est alors de haine qu'ils semblent pisser sur l'église, le prêtre, les mariés et ...le photographe!
• aussi choquant que le: "Des femmes dans la Gendarmerie???! Et une Noire par dessus le marché. Josépha, nous vivons l'agonie d'une civilisation"(sic) que dira 3 ans plus tard Cruchot...
• je découvre cette fois au générique un autre complice de cette attaque de nos institutions: il s'ajoute aux financiers. Paul-Loup Sulitzer, qui avait fait fortune comme romancier et homme d'affaires, notamment dans les gadgets...a prêté son "domaine de la Capilla". Comme Jawad Bendaoud, Paul-Loup ne savait peut-être pas qu'ils allaient arrosé des cathos.
• quand l'église n'est pas aspergée, quand les supérieurs ne sont pas poursuivis avec une pique, les assaillants des autorités supérieures, sont emportés au loin aux cris de "à poils": Louis de Funès crie plusieurs fois "à poils" à son Général, Jacques François. Film 'Ni Dieu Ni Maitre' et anti-militaire?
• il est vrai que le Général, Jacques François, humilie Galabru en lui postillonnant au visage comme un enfant par une série de mot en "P" (comme mon titre).

• un film qui annonçait notre défaite face aux placements de produit et l'envahissement de la publicité: un film très clairement anti Consumérisme, lorsque le gendarme Taupin est rendu fou par le harcèlement de la pub. Excellent Jean-Pierre Rambal(spécialiste de Marcel Aymé?):

"Faites moi relever mon adjudant! ...ça vous cogne pas dans la tête tous ces slogans, ce matraquage publicitaire"

• dans la liste dingue des marques annoncées et jouées, je ne connais pas et ne trouve pas "le paprika de patonote"?! (mentionné par le maire Marco Perrin). J'aime combien les auteurs annoncent la cancérisation de notre langue par la pub lors des scènes où leur langue fourche et où ils citent plein de marques à la place des mots (très dur exercice de style): Ricard, Gitane, Ariel, Yoplait, Kelloggs, Cinzano, Omo:

"J'ai vu un Dubonnet non identifié en forme de Téfal posé sur le Formica avec de lumières tout autour et ça faisait: Bic! Bic! Bic"!

"...attention vous faites maintenant de l'INTOX, de la publicité clandestine" (crie, très visionnaire, Michel Galabru) car C'EST CE QU'EST DEVENU LE CINEMA! Bourré de placements de produits! "bon bon La publicité, c'est vraiment le fléau des temps modernes" commente même Marco Perrin jouant le maire (pourtant les maires seront souvent les plus gros complices).

• ma ligne de dialogue préférée est un rêve-éveillé au travail: pouvoir dire à quelqu'un qui te regarde bosser d'aller voir ailleurs, par un "allez faire pipi!". Pouvoir dire aux inspecteurs des travaux finis ou des travaux en cours, d'"aller faire pipi!" ...c'est lors de la scène de la panne, Louis déjà âgé, voit enfin la navette volante (la toupie du pépé grâce au toupet des pipis forcés).

• exactement comme moi, Louis de Funès se demande: "qu'est ce que c'est que ça??" quand ses hommes citent de la poésie? C'est après les avoir assommés, ses trois collègues à la plage, alors qu'ils embrassaient des baigneuses, qui se révèlent des extra terrestres; elles s'enfuiront sautant haut au ralenti, comme 'L'Homme qui valait trois milliards' (série alors encore à la mode):

"À la pâle clarté des lampes languissantes, Sur de profonds coussins tout imprégnés d’odeur,..." dit par Taupin/Rambal, se révèle extrait des Fleurs du mal, Femmes damnées, de Baudelaire.

"S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal, Pour troubler le repos où mon âme était mise, /.../, Et la candeur unie à la lubricité, Donnait un charme neuf à ses métamorphoses..." ajoutés par Grosso&Modo, est aussi extrait de Baudelaire, mais des Bijoux.

Taupin/Rambal continue après les dunes, couvert par De Funès affligé, se demandant à voix haute, et avec culot: "dans quel état, elles me les ont mis? dans quel état, elles mes les ont mis?"...car comme tout bon hypocrite, il a déjà oublié que c'est lui qui les avait assommés, leur faisant perdre la tête...

Rambal récite: "Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes, Tout savait, tout parait sa fragile beauté." Mais les vers de Baudelaire sont selon Internet: "De ses yeux amortis les paresseuses larmes, L'air brisé, la stupeur, la morne volupté, Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes, Tout SERVAIT, tout parait sa fragile beauté." ('Femmes damnées' de Baudelaire...qui devait donc être peut-être mieux connu et reconnu en 1979 qu'en 2022, pour être dans une comédie populaire à succès?)

Après la plage, le gag continue de suite à la Gendarmerie où ils rentrent continuant les poèmes: "Nos (Mes) baisers sont légers comme ces éphémères, Qui caressent le soir les grands lacs transparents"/.../"Que nos rideaux fermés nous séparent du monde, Et que la lassitude amène le repos!"/.../"Elle cherchait, d'un oeil troublé par la tempête, De sa naïveté le ciel déjà lointain,..."

où les auteurs continuent de citer cette oeuvre apparemment posthume de Baudelaire avec des vers qu'ils n'ont sans doute pas à payer: "Je sens fondre sur moi de sombres (lourdes) épouvantes, Et de noirs bataillons de fantômes épars, ...". Lourdes épouvantes, comme de longs textes en forme de liste de remarques diverses?