Je capte pas le titre français, mais à part ça, c'est du tout bon.

Le film m'a happé dès le générique avec la griserie et la jubilation du jeune Arthur Straus après sa tentative de meurtre d'un pauvre ivrogne dans les premiers instants. Le Code Hays stipulait certes que tout criminel ne pouvait s'en sortir au final (donc quiconque connaît les règles sait que ce moment de jouissance pure "Sais-tu pourquoi j'ai voulu le tuer ? J'en avais une folle envie !" ne restera pas impuni) mais aussi que les crimes ne devaient pas être montrés de manière trop séduisante, et rien que cette entrée en matière est une évidente preuve que le code commençait à craqueler.

Naturellement de nos jours, on a vu ce genre d'intrigues fréquemment, modernisé. Et même quelque part déjà à l'époque dans un film comme La corde. Deux jeunes hommes instruits, loin des loubards iconiques de L'Équipée sauvage, qui s'appuient sur des théories de grands penseurs pour justifier leur acte. Pourtant, difficile de ne pas se laisser embarquer dans ce polar. On a une bonne étude de caractère avec Arthur le psychotique, ainsi que de Judd et son délire de la persécution, joué par un tout jeune Dean Stockwell. Dans une époque aux mœurs qui se relâchaient juste assez pour que l'intrigue ne paraisse ni trop aseptisée, ni trop violente. On a tout de même le droit à des détails assez sordides sur la mort d'un enfant, du début à la fin.

Chaque acte est un gros plan sur un nouveau personnage. Après les deux mômes, le personnage du flic joué par E. G. Marshall est le personnage central du 2e acte, quand Orson Welles donne au 3e acte une nouvelle dimension, et sa plaidoirie de 10 bonnes minutes est à ranger au panthéon des fameux monologues du cinéma.

Je sais qu'on pourra le trouver daté et oui il l'est sans doute à certains moments, par exemple, c'est tout bête mais malgré le ton particulièrement lourd des minutes précédentes, le plan final m'a fait rire par son côté vieillot et grandiloquent. Tous les (légers) reproches que je pourrais faire au film ne m'empêchent pas de vous le conseiller vivement.