KOM C CHIANT
Dans le genre « Grosse Déception » difficile de faire mieux, j’ai vraiment trouvé ce film mauvais. Techniquement il n’y a pas de défauts majeurs au niveau de la mise en scène, disons qu’à part...
Par
le 10 sept. 2012
5 j'aime
5
Un film qui préfigure sous certains aspects un gros morceau du cinéma fantastique des années 30, le "Frankenstein" de James Whale qui sortira 11 ans plus tard. Même si le cadre global des deux films n'a aucun véritable rapport, il y a tout de même la question centrale de la création d'une créature par l'homme, de son inconscience dans cette entreprise et dans le fait qu'il sous-estime sa part d'humanité conduisant à la génération d'un monstre. La thématique éternelle de la créature échappant à son créateur...
Le mythe du Golem mis en scène par Paul Wegener et Carl Boese est tiré d'une légende juive du 16ème siècle, dans laquelle une créature d'argile prenait vie pour protéger les Juifs qui vivaient dans les ghettos de Prague. Un peuple alors sous la menace d'un décret de l'empereur autrichien Rodolphe II : "Nous n'ignorerons pas plus longtemps les accusations qui pèsent sur les juifs, eux, qui ont crucifié notre seigneur, ignorent les fêtes chrétiennes, convoitent les biens de leurs concitoyens et pratiquent la magie noire et donnons ordre que la communauté juive ait quitté son quartier appelé ghetto avant la nouvelle lune."
Mais si "Le Golem" m'a beaucoup marqué, ce n'est non pas dans son récit (échafaudé de manière classique) ou dans une quelconque autre forme d'originalité narrative, mais dans l'univers graphique qui se développe peu à peu autour de ce personnage.
L'architecture de la ville reconstruite, avec ses ruelles étroites et tortueuses, ses escaliers en colimaçon, ses maisons aux formes étranges, biscornues, tout en hauteur et coiffées de toits pointus, font des ghettos juifs de Prague un labyrinthe étrange, avec une communauté repliée sur elle-même dans un étonnant portrait expressionniste.
La séquence où le rabbin Löw expose à l'empereur une vision de l'exil à Babylone rappelle les effets spéciaux utilisés de manière récurrente chez Méliès, avec différentes techniques de surimpression et l'irruption du fantastique. L'apparition d'Astaroth, figure maléfique invoquée par le rabbin pour qu'il lui communique le mot secret qui animera le Golem, est également un moment prenant de magie noire.
Il y a aussi cette très belle scène finale dans laquelle le Golem prend une jeune fille dans ses bras, comme attendri après un épisode de colère furieuse (impliquant un homme jeté du haut d'une tour immense et une femme morte traînée dans les rues par les cheveux, figure d'effroi), avant qu'elle ne lui retire l'étoile incrustée sur son torse et lui ôte la vie dans le même mouvement.
C'était l'Allemagne des années 1920 : un récit dénué de stéréotypes sur le peuple juif (à confirmer, étant donné que Wegener collaborera avec le régime nazi et Josef Goebbels au sein du ministère de la propagande) et presque prémonitoire dans sa vision de la menace.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mon cinéma allemand, Top films 1920, Avis bruts ébruités, Mes films fantastiques et Cinéphilie obsessionnelle — 2017
Créée
le 23 juil. 2017
Critique lue 663 fois
17 j'aime
D'autres avis sur Le Golem
Dans le genre « Grosse Déception » difficile de faire mieux, j’ai vraiment trouvé ce film mauvais. Techniquement il n’y a pas de défauts majeurs au niveau de la mise en scène, disons qu’à part...
Par
le 10 sept. 2012
5 j'aime
5
Le Golem est un magnifique film muet de la période expressionnisme allemande ; de toute beauté (en particuliers la scène ou le Rabbin Loew invoque Astaroth) et à l'ambiance plein de mystère Le Golem...
Par
le 13 sept. 2012
4 j'aime
J'ai eu la chance folle de voir hier soir à la Cinémathèque Française (Paris), ce film bizarre de Paul Wegener, film qui n'est pas tout jeune, et qui n'est pas forcément facile à voir en temps normal...
Par
le 18 mars 2019
3 j'aime
Du même critique
Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...
Par
le 20 juil. 2014
144 j'aime
54
"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...
Par
le 10 janv. 2015
138 j'aime
21
Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...
Par
le 8 mars 2014
125 j'aime
11