Ah qu'il fait bon revoir certaines comédies françaises de cette décennie 70 qui étaient bien plus intelligentes que celles souvent balourdes ou vulgaires qu'on voit sur nos écrans aujourd'hui ! En ce temps là, on savait faire rire avec des trucs simples, on donnait dans le loufoque sans complexe et sans peur du ridicule. C'est le genre de comédie relevée qui traverse bien le temps et qui se démarquait des séries Z stupides écumant parfois nos salles de ciné, parce qu'il y avait une combinaison d'éléments adéquats : un scénario et des dialogues de Francis Veber qui à cette époque était dans une embellie, sortant de Il était une fois un flic et juste avant L'Emmerdeur, un réalisateur inspiré, une troupe d'acteurs excellents qui jouent le jeu et s'en donnent à coeur joie : un Blier drôle comme chez Audiard, un Jean Rochefort magnétique et irrésistiblement glacial, un Jean Carmet empêtré dans les pépins, une Mireille Darc resplendissante et portant une robe quasi mythique, au dos nu vertigineux (façonnée par Guy Laroche, elle est au Louvre), sans oublier Pierre Richard en pierrot lunaire, d'ailleurs tout le film est construit autour de son personnage de farfelu distrait qui fait le pitre avec élégance. Le reste de l'interprétation comprend une flopée d'acteurs de troisième rôle tous facétieux, comme Paul Le Person, Robert Castel, Jean Saudray, Robert Dalban ou Claude Barrier...
Pierre Richard est un François Pignon en devenir, précédé ici par un François Perrin tout aussi maladroit et crétin, mais un crétin sublime comme lui seul savait les jouer à cette époque. Le thème de l'innocent propulsé dans un milieu inconnu à son insu, n'est pas nouveau même en 1972, mais il est renouvelé avec un certain brio par Veber et Yves Robert qui font de cette histoire dénuée de vulgarité une vraie parodie des films d'espionnage et où la qualité de l'écriture et son ton décalé vaut autant que celle des acteurs. L'un des autres éléments positifs est la musique inoubliable de Vladimir Cosma qui est brillamment jouée à la flûte de pan par le virtuose de l'époque, Gheorghe Zamfir. Sans oublier son amusant générique. Tout ceci donne une bonne comédie française qui avait de beaux jours devant elle dans ces années 70 encore insouciantes, et le succès sera tel qu'il appellera une suite 2 ans plus tard, le Retour du grand blond avec la même équipe.