Magasins, gros sapin, autosatisfaction après l’installation de la déco, dinde de noël, échanges de cadeaux, la société de consommation a rendue Noel superficiel au fil des années. Pour enfoncer le clou, on nous offre tout un tas de niaiseries dans le même contexte quand il est question de films. Le Grinch, lui, il va prendre le problème par la racine, et, à sa façon, sous une ambiance de conte fantastique, vous aidera à cerner le véritable message de cette fête.
Rires, larmichettes et réflexions
Découverte pour la version 2000 du Grinch. J’en aurais mis du temps avant de me décider à regarder ce film. Pas faute d’adorer Jim Carrey et ses grimaces. Ce qui me rebutait et m’empêchais de me lancer : l’esthétisme, les acteurs tous déguisés, l’ambiance…spéciale. A sa sortie en 2001, les critiques furent mitigées. Sans doute pour les éléments qui me rebutaient déjà et cet esprit bon enfant ? Cette année, c’est décidé, je tente de le voir, croisant les doigts pour être surpris.
Clairement, Le Grinch a beau opter pour une ambiance austère et on enfant, il n’est pas destiné qu’aux plus jeunes. Le Grinch, il fait un peu flipper parce qu’il tente de faire peur. Les plus jeunes risquent d’être effrayés. Il faut dire que sous tout ce maquillage crédible ce cache le comédien Jim Carrey et son visage élastique. Comme Jim, il adore improviser et faire le clown, son rôle, il est taillé sur mesure.
Le Grinch c’est tout l’inverse des films de Noel habituel. Son héros poilu, agressif, méchant et sentant mauvais n’a rien L’originalité est là et si vous êtes comme moi un fan de l’univers de Tim Burton, à coup sûr, Le Grinch devrait vous satisfaire. Pourtant, le réalisateur de Beetlejuice n’a absolument rien à voir avec ce film puisque c’est Ron Howard, ancien Richie Cunningham et réalisateur de Willow qui se colle à la réalisation. A-t-il été inspiré par l’ambiance et l’esthétisme des œuvres de Burton ? En tout cas, même si excentricité il y a, démons, sang et autres éléments gothique, il n’y aura pas.
Accompagné d’un narrateur nous contant l’histoire sous forme de vers de poésies (compté en vf par un type sans aucun doute…dépressif), Le Grinch sent bon la bonne extravagance, l’excentricité, et les vieux cartoons en version live. Oui, voir un cartoon prendre vie sans usage d’images de synthèses ou d’animation, ça déstabilise, ça a un petit coté vieillot. Il vous faudra un petit temps d’adaptation.
Une fois passé, c’est de l’amusement, de l’émotion et peu de niaiseries compte tenu de l’histoire. Surtout, Jim Carrey, à fond dans son rôle a sût capter l’essence même de son personnage. Entre les grimaces, les coups tordus, son passé tragique et ses dialogues savoureux, son Grinch devient attachant, aussi surprenant que ca puisse paraitre.
Le culot de ces Choux ! Ils m’invitent chez eux, ils préviennent à la
dernière minute… Même si j’avais voulu, mon agenda est déjà plein de
rendez-vous ! 16h : pleurnicher sur mon sort, 16h30 : angoisse et
dépression, 17h : trouver comment vaincre la famine ; ne donner l’idée
à personne, 17h30 : danse du ventre, 18h30 : diner avec moi, il est
hors de question que j’annule encore une fois ! 19h30 : lutter contre
le dégout de moi-même… J’suis booké. Bon bien sûr j’pourrais repousser
le dégout à 21h et finir à temps pour aller me coucher, compter les
moutons et plonger gentiment dans la folie… mais j’ai rien à me mettre
!
Magie et excentricité de Noel
En quelques minutes, on peut faire des reproches au film, notamment le jeu exagéré, trop théâtralisé de Jim Carrey, et le maquillage hyper cheap des personnages. Quel intérêt de voir cette version si on a déjà vu la version animée de 2018 ? Figurez-vous que pour avoir regarder ces œuvres dans cet ordre, je peux vous dire que les deux sont à voir. Surtout si vous avez aimé la version animée. Ou inversement, ça marche également.
Parce que Ron Howard explore plus en profondeur la jeunesse du Grinch et les raisons pour lesquelles il déteste tant les Choux et Noel, la version 2000 complète finalement la version 2018 en évitant une redite totale de l’histoire. Bien entendu, les évènements importants de l’histoire donneront un air de déjà vu. Logique, les deux versions s’inspirent de l’œuvre du Dr Seuss.
La différence c’est que la version de 2018 colle plus au livre. Là où le Grinch 2000 l’emporte sur le Grinch 2018 : les Choux moins clean que l’animé, l’ambiance austère, et la personnalité du Grinch le rendant au départ si détestable. Le Grinch de Jim Carrey il est vraiment méchant, cruel, idiot, multipliant les blagues de mauvais gout. Evolution oblige, on finira par le voir sous un autre jour, comprenant à l’aide de passages dans le passé, le pourquoi du comment.
Passer trois bons quart d’heure un peu longuets à cause de son ambiance déstabilisante, voila qu’on se retrouve plongé dans quelque chose de bien plus amusant où tout comme Jim Carrey, on s’éclate en suivant ses aventures. La scène où il pète les plombs à Chouville vaut tout son pesant d’or avec en prime une référence aux action movie des eighties. Surtout, qu’est ce que c’est beau. Rien que les dernières minutes se déroulant lors du levé du soleil vous montrent à quel point le film sent bon la magie et la poésie. 18 ans nous séparent de cette œuvre. Ca n’a pas prit une ride.
Le Grinch me fascine, m'interpelle par son coté si réfléchit. Lui qui déteste Noel pour finalement de bonnes raisons, a bien compris le sens profond des fêtes. Le seul hic c'est qu'il ne veut pas l’admettre, la faute à son petit cœur l’empêchant de ressentir quoi que ce soit. Jim carrey c'est véritablement donné à fond, à mi de tout son cœur, de toute son énergie pour faire rire petits et grands. Huit heures et demie en salle de maquillage quand même! Une réussite, tout comme le coté immersif du film le rendant d'autant plus captivant (cf la trappe secrète ultra cool du Grinch pour entrer discretos dans Chouville). Et puis les décors, costumes et accessoires sortis tout droit du livre, récrés pour l'occasion, confirmant que Ron Howard et son équipe méritent le plus profond respect. Son film, il l'a soigné.
-En vrai, ca sert à quoi Noel d’après vous ?
-A ce venger ! Heu…je veux dire…à ce faire des cadeaux…je suppose…
Au final, malgré l’extravagance des décors, costumes et maquillages, malgré l’exagération du jeu de Jim Carrey, Le Grinch se savoure comme un bon chocolat chaud pour son histoire fascinante digne d’un conte pour enfants, son humour inventif et bon enfant, son émotion, ses décors détaillés, sa tentative réussie de cassage du quatrième mur à plusieurs reprises, sa photographie et ses effets spéciaux soignés, ses dialogues, sa narration toute en vers, ses musiques féériques de James Horner et son ambiance 100% magie de Noel où à plusieurs fois, on aura cette impression de naviguer dans une œuvre de Tim Burton. Un must à voir et revoir pendant les fêtes.